dimanche 9 décembre 2012

Les succès et les échecs 2012, partie 1

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Le jardin de Septembre n'avait pas particulièrement bonne mine, quoiqu'il était plus vert que durant l'été qui vient de passer  à cause de belles pluies.

Article similaire de l'année précédente :
Année 2011
 

Hélène :

Une des récoltes de petit pois.
En avril-mai de cette année, je vous aurais dit que la saison de jardinage qui commençait si tôt en serait sûrement une bonne! Où je suis au Québec, j'ai pu planter mes petits pois au tout début du mois d'avril, une action plutôt rare considérant qu'en règle générale, soit il y a encore de la neige à ce moment, soit le sol est gelé. Mais le temps était si clément!

Et puis les problèmes ont commencé d'abord par un gel de nuit qui a emporté les fleurs de l'amélanchier et du cerisier, me privant de leurs fruits. Ensuite, à partir de juin, nous avons eu des sécheresses. Mon baril collecteur de pluie celui-ci est resté presque vide pendant juillet et août et les plantes en ont donc grandement souffert. Sans compter une paresse personnelle, alors que je n'ai pas mis de paillis partout, faute de temps (et de volonté).  Les nuits estivales sont aussi restées quelque peu fraîches, ce qui n'a pas aidé à leur croissance non plus. 
 
Malgré les temps difficiles, les couleurs étaient superbes à la fin Octobre:
Voici l'amélanchier habillé de feu et, en arrière plan, le bouleau qui se pare de jaune.
Pour finaliser, la saison s'est achevée plus rapidement qu'anticipé. À la mi-Octobre, deux semaines avant la fin habituelle, mes plants plus fragiles de fèves et de tomates ont bruni, dû à des nuits très fraîches.
Faute de pouvoir vous montrer des photos de
légumes alléchants, je vous montre des fleurs.
La valériane s'allonge jusqu'au garde-fou de
mon balcon, elle est une préférée des abeilles.

Mais si l'un des principes de la permaculture est d'avoir une grande variété de plantes pour contrer l'échec de certaines par les succès d'autres, je suis bien contente d'y adhérer car autrement, j'aurais été bien peinée. Voici donc la récapitulation des succès et échecs de la saison 2012 de jardinage chez moi.

Échecs : Alors que mes tomates et citrouilles ont fait une récolte suffisante quoique en deça de leur habitude, les vrais perdants sont malheureusement les fèves. Je me vantais qu'il s'agissait du légume dont je n'avais non seulement jamais raté une saison, mais j'en avais toujours en quantité. Cette année, à part les fèves vertes (récolte pour 3 repas) que mon fils a fait pousser et les edamames qui nous ont donné un repas (ce n'est pas énorme, considérant que j'avais 5 plants!), je n'ai récolté qu'une fève espagnole et aucune Painted Lady (ces variétés sont pourtant celles qui font ma fierté). Jacob's Cattle (une fève à cuisson) ne m'a donné qu'une poignée et il s'agissait encore là d'environ 6 plants. Tu parles d'un coup dans mon ego de jardinière.

J'ai mentionné à plusieurs reprises la défaite de mes arbres fruitiers, mais il y a aussi les framboisiers dorés. Bien qu'ils m'ont donné des framboises jusqu'en Novembre comme à leur habitude, ce n'était que quelques-unes à la fois et elles n'étaient pas aussi sucrées que l'année passée. Une collation de jardinier, rien de plus.

Les pétales de roses ont été récoltées tout l'été
pour parfumer les bains des petits et grands de la maisonnée.

Les succès, il y en avait?

Une des récoltes de tomates et de fèves vertes.
Bien sûr! Les petits pois, comme vous pouvez le voir sur la photo du haut, ont bien fait et les pêches ont déjà eu un article dédié à elles, mais ce qui a spécialement marché cette année c'est les racines. Radis, carottes, navets! J'en ai eu en quantité.

Les fleurs ont toutes bien fait aussi, comme la valériane, récoltée pour sa racine, les soucis, la camomille, les hémérocalles ou encore l'aneth pour les graines, feuilles et fleurs! En fait, toutes les herbes ont fait merveilleusement, de la baume mélisse à la menthe!




Une récolte à l'envolée de fleurs de camomille dans le gazon.
Elles trempent dans un peu d'eau pour s'assurer qu'il n'y a plus d'insectes qui s'y cachent.
Je les utilise en tisanes.

Les brocolis ont été une réelle surprise pour moi et deviendront sûrement un légume récurrent dans mon jardin. Les concombres, bien que je n'en ai eu que 4 de deux variétés différentes, sont un succès puisque c'est bien la première fois dans mes nombreuses tentatives que j'arrive à en obtenir le moindre fruit! Que voulez-vous, j'ai de la difficulté à comprendre les concombres, mais j'apprends tranquillement. Pareil pour les betteraves (je n'en ai eu que 3), un succès néanmoins considérant la situation pitoyable dans laquelle j'ai tenté de les faire pousser (en plein dans les navets : Résultat? Les navets ont gagné). C'était aussi ma première année avec ce légume et si les dires sont vrais à propos d'apprendre par les échecs, cet été j'ai sérieusement cramé!


La courge de cette année, la Burgess de Veseys,
avec des fleurs de soucis (calendula officinalis) en train de sécher devant.

Pour la première fois cette année j'ai tenté le maïs, mais pas n'importe quelle variété, hein! Une variété pour faire du popcorn qui se nomme Maïs Fraise (pris chez Solana). Bien que je n'ai eu qu'un épis complet, le résultat était très intéressant. Je tenterai l'expérience plus sérieusement dans les années à venir là aussi! 
Quelques minutes au micro-onde et popcorn!
Mon épicerie avait justement de cette variété, j'en ai acheté plus
pour faire une plus grosse collation.

Trouvez les papillons (Vanessa kershawi, si je me fie à mon google-foo) dans la menthe!

Et le reste?
Ce qui est devenu rapidement surprenant c'était la vie dans le jardin cette année. Il y avait de nouveaux venus (certains types de chenilles, de papillons, de scarabés, les syrphes et un couple de cardinaux, entre autres) et de vieilles connaissances (les abeilles, les coccinelles, les souris, les rouges-gorges), mais il y a clairement un écosystème qui se met en place! C'est beau à voir!


Un lapin à queue blanche (Sylvilagus Floridanus) avait fait son tour cet hiver, parsemant la neige des plates-bandes de précieux engrais.
 Il est revenu pour le trèfle qui poussait dans l'herbe cet été. Mais les chattes étaient très intéressées par le nouveau venu, alors il gardait ses distances. Il n'avait pas particulièrement peur de moi, heureusement.

lundi 12 novembre 2012

La bizarrerie du brocoli et les vertus des cailloux

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Portrait automnal du jardin en fin de course,
Émergeant des nids de mes abeilles creusés dans le bois, des cosmos poussent.


Hélène :
Alors que l'automne fait ressortir l'âme poétique de plus d'un jardinier, ce qui me porte à écrire aujourd'hui est une découverte fort intéressante : Il s'agit des brocolis et de leur bizarreries. Chacun connaît bien ce légume et, après les épinards de Popeye, c'était probablement la deuxième verdure la plus souvent servie chez moi durant mon enfance. Mais l'avez-vous essayée au jardin?
Vous pouvez voir, ici, 
où la première tête a été coupé et pourtant,
 vous voyez d'autres bouquets!
Cette année fut ma première expérience et voici une belle révélation qui vous fera peut-être, vous aussi, l'essayer dans les prochaines années. C'est une hydre, ce légume. Si, si! On coupe la première tête et d'autres, plus petites, apparaîtront dans les semaines suivantes! J'ai failli manquer ça car, après avoir cueilli les premières têtes, je me suis dit qu'il valait mieux enlever entièrement le reste des plants, que c'était la fin de toute façon. Heureusement, par ma paresse (et un voyage de deux semaines sur un autre continent), la tâche n'a pas été faite, ce qui fait qu'à mon retour, la surprise des nouvelles têtes de brocoli m'attendait à travers des vignes de concombres qui jaunissaient.

Concombres? Que si! J'ai planté les concombres au travers des brocolis. Ils se sont hissés à travers le feuillage bleuté et enfin sur les baguettes de bambou que j'avais plantées ici et là. Les deux fonctionnent très bien ensemble donc!

Le brocoli n'est pas toujours un légume facile à faire pousser. Louise n'a pas eu de chance cette année et n'a eu que de la feuille. Heureusement, les feuilles sont délicieuses et elle les a donc mangées! Pour ma part, j'ai tenté une petite expérience qui est peut-être en partie responsable de la vigueur de mes 3 plants. D'abord, je les ai commencés en semis, à l'intérieur. Or, dans un petit pot de transplantation, il y avait deux vigoureux plants et je n'ai pas eu le coeur d'en détruire un des deux. Mais quand est venu le temps de les transférer, ils étaient vraiment trop proches. La solution m'est venue de Ray Browning ( Chaîne You Tube : Praxxus 55712). J'en profite ici pour vous expliquer sa méthode originale en quelques phrases : il transplante ses jeunes plants de tomates à plusieurs reprises, 2 ou 3 ensemble, dans un pot de plus en plus grand et profond. Il fait ployer les tiges de chaque plant pour les éloigner les uns des autres et les maintient en place en ajoutant graduellement du terreau à son pot. De cette façon, il enterre graduellement les plants à mesure qu'ils grandissent, jusqu'à ne laisser que quelques centimètres de chaque plant dépasser au-dessus du terreau. Le pot se retrouve rempli peu à peu. Noter qu'il élimine toutes les feuilles qui se retrouveraient sous terre en les coupant au ras de la tige principale. Le but recherché ici est d'enterrer graduellement la tige principale pour l'encourager à augmenter son réseau de racines et faire ainsi des plants plus forts. Quant à laisser plus d'un jeune plant par pot, Ray s'est simplement rendu compte qu'il n'est pas nécessaire de sacrifier un des plants si on les éloigne graduellement les uns des autres.

S'il pouvait espacer de jeunes plants de tomates, pourquoi ne pourrais-je le faire pour des brocolis? J'ai utilisé sa technique au moment de transférer mes plants dans le jardin : J'ai ployé les tiges pour éloigner les plants, je les ai enterrés avec un mélange de fumier et de terre à jardin et, pour tenir le tout en place, j'ai déposé une grosse pierre juste entre les plants.

Cette pierre a d'abord servi à éloigner les plants l'un de l'autre et à les tenir en place, mais elle a offert un autre avantage, probablement plus grand encore. (Je vous offre ici ma théorie, car  ce n'est pas cet unique test qui peut en démontrer tous les bienfaits.) Il est connu en jardinage qu'on peut utiliser la masse thermique d'un objet (une roche, comme ici, ou encore du gravier ou même un point d'eau) pour accumuler la chaleur durant le jour et la relâcher durant la nuit. Ceci a pour effet de garder la plante à une température plus stable. Bien sûr, le brocoli est un légume qui aime bien la fraîcheur, mais j'ai quand même l'impression que pour n'importe quelle plante, une température la plus constante possible est bien meilleure que les variations que nous avons subies cet été. 

D'ailleurs, nous pourrions pousser le principe de masse thermique, un principe important en permaculture, bien plus loin que l'application d'une roche au pied d'un plant de brocoli. Nous pouvons l'utiliser pour allonger la saison des tomates vers la fin de l'été, par exemple. Un jardinier pourrait aussi mettre à profit la chaleur d'un patio en ciment en plantant tout juste à côté. Pareillement, placer des plantes plus tendres tout près des fondations de la maison pourrait leur permettre de mieux survivre à nos hivers. Sepp Holzer utilise aussi ce principe pour faire pousser toutes sortes de plantes plus tendres tout contre des rochers en terrain montagneux où les hivers sont rigoureux !

En bout de ligne, cette expérimentation m'a ouvert l'esprit sur la variété de méthodes qui sont à notre disposition au jardin. Alors, je peux bien remercier mes plants de brocolis, car c'est justement leur bonne performance (ou leur bizarrerie) qui m'a amenée à me poser des questions sur les vertus de ma pierre. Celle-ci n'a peut-être pas été utilisée au maximum de son potentiel puisque les brocolis ne sont pas si frileux, mais cela m'a tout de même donné ma première leçon pratique en matière de "technologie thermique" et j'en suis heureuse. Ce sera sûrement un apprentissage qui sera appliqué dans les années à venir!
 

mercredi 19 septembre 2012

Un jeu d'enfant

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Deu-dum. ... Deu-dum. Deu-dum-deu-dum-deu-dum-DEU-DUM! Skouiii !
Le requin, caché dans la rhubarbe.
Hélène :
Il y a quelques jours, l'ennui de mon fils était palpable au point qu'il était grand temps d'inventer un nouveau jeu (le simple fait de prononcer le mot "nouveau" le sort généralement de sa mauvaise humeur). Une variation sur le jeu de cache-cache, mais avec indices. Et ce n'est pas nous qui nous cachions à tour de rôle dans le jardin, c'étaient des jouets, comme vous pouvez le constater sur la photo du haut.

Dans les carottes !
Pendant que mon fils comptait, je suis allée cacher le requin en plastique (avouez que vous en voulez un, vous aussi, pour l'heure du bain) d'abord sur une feuille de rhubarbe, feuille qui peut parfaitement accommoder le poids du jouet. Revenant à fiston, lorsqu'il eut fini de compter, je lui ai donné un indice: "Le requin se cache dans la rhubarbe!" Et il était parti, sachant très bien où était la rhubarbe (mais là est l'attrait : certaines plantes mentionnées au cours du jeu lui étaient étrangères). Et voilà, d'une pierre deux coups. Nous nous sommes amusés comme des fous et en plus, il apprenait toutes sortes de choses : s'exercer à compter, à respecter les règles du jeu, à trouver un objet caché et surtout, il apprenait le nom des différentes plantes du jardin!

Sur une tête de tournesol géant!
Le plus malin dans tout cela, c'est que vous pouvez parfaitement ajuster la difficulté pour l'enfant qui jouera! Par exemple, mon fils a 4 ans et demi à cette date de rédaction, et il sait très bien compter au moins jusqu'à trente en français et en anglais. En fait, si vous voulez en plus pratiquer un second langage, les plantes sont un merveilleux domaine à explorer... (Plus tard, je tenterai peut-être le latin!) Il a un peu de difficulté à saisir les règles d'un jeu et, comme vous le comprenez par les photos, a besoin d'un objet assez gros et pas trop bien caché pour pouvoir le repérer. Vous pouvez donc jouer sur tous ces aspects pour graduer le niveau de difficulté du jeu; par exemple, un enfant de 8 ans aura probablement plus de plaisir avec un objet gros comme une bille et qui sera bien caché.

Mais la merveille, c'est que le jardin est un endroit qui regorge de cachettes créatives! Il n'y a pas que de petits buissons qui peuvent cacher le trésor, mais un monde végétal riche, que ce soit la tête d'un tournesol ou le creux des branches d'un arbre. Ces derniers jours, quand il n'y a pas de canicule ou d'orage, c'est un jeu qui revient souvent, à la demande de mon fils, et qui offre une opportunité de plus pour le faire jouer dehors et surtout... pour apprendre !

Jaws entre les raisins et la stevia, tenant une fleur de cosmos entre les dents.

mardi 11 septembre 2012

L'huile de molène contre le mal d'oreilles

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Louise :
C'est un truc de grand-mère que j'essaie cette année, pour le prochain gros rhume, si mon oreille se met à élancer ou à piquer. Il paraît qu'avant l'avènement des antibiotiques, ce remède était connu de bien des familles. J'ai lu sur internet des commentaires très favorables au sujet de ce médicament, de la part de familles qui l'utilisent encore. 
La forme de ce petit pot est idéale pour 
empêcher les fleurs de flotter en surface.
De plus, je n'ai pas vraiment eu de mal 
à le vider et à le laver.

Il faut faire macérer les fleurs dans l'huile
pendant deux semaines. 
Exposer la bouteille au soleil
permet aux produits médicamenteux
de se mélanger à l'huile.

Il serait possible de se procurer de l'huile de molène dans les herboristeries, mais il est facile d'en préparer à la maison à partir des fleurs. C'est la molène thapsus (Verbascum Thapsus) qui nous intéresse ici, celle qui pousse en mauvaise herbe dans les champs en friche et les terrains vagues et qui s'invite parfois dans nos jardins. (Voir plus bas pour plus de renseignements sur la plante elle-même.)

Les recettes qu'on peut trouver sur internet varient un peu; certaines ajoutent de l'ail (pour ses propriétés antibactériennes), d'autres font chauffer l'huile sur feu doux plutôt que d'exposer leur préparation au soleil, d'autres entreposent l'huile prête à l'utilisation dans le réfrigérateur plutôt que de garder la préparation à température ambiante.

La recette que j'ai choisi d'expérimenter 
La récolte des fleurs est facile
à faire (on pince et on tire),
mais il m'a fallu 20 à 30 minutes

pour remplir mon petit pot.
J'avais accès à une quarantaine

de plants de molène, 
tous groupés 
dans un même champ.
est toute simple. Elle utilise seulement deux ingrédients, les fleurs et l'huile d'olive. Comme ça, je pourrai conclure que si ce remède fonctionne, ce sera dû aux fleurs et à rien d'autre, certainement. 

Il s'agit donc de cueillir les fleurs et de les mettre à tremper (fraîches ou séchées) deux semaines dans l'huile. J'ai oublié d'exposer le pot au soleil durant la première semaine. Je me suis reprise la semaine suivante. Une recommandation qui revient souvent : on doit s'assurer de bien couvrir les fleurs d'huile (pour éviter la formation de moisissures en surface, selon une source). On garde ensuite le pot fermé dans un endroit chaud, ou encore mieux, directement au soleil, sur le rebord d'une fenêtre orientée au sud, par exemple. Cela permettra aux composés chimiques des fleurs (la partie médicamenteuse que nous voulons) de se retrouver dans l'huile. On filtre ensuite l'huile et on jette les fleurs. 


Il n'y a que quelques fleurs écloses à la fois sur chaque épi. Mais on peut aussi utiliser les fleurs séchées ou fanées, ce qui peut s'avérer pratique si vous n'avez pas accès à plusieurs plants à la fois. Vous pourriez cueillir quelques fleurs à chaque jour, puis les mettre à sécher au fur et à mesure, en attendant que le plant complète sa floraison. Je crois qu'un seul épi pourrait faire assez de fleurs pour un petit pot comme le mien. 


Voici les informations que j'ai recueillies sur la Toile :
Ici, un plant de 2 ans dont l'épi
commence à se former.
La molène thapsus, ou bouillon-blanc (Verbascum Thapsus en latin, Verbasco ou Gordolobo en espagnol, et Mullein en anglais) est une plante bisannuelle, c'est-à-dire que la première année, elle ne fait qu'une rosette de feuilles au ras du sol et qu'elle attend la deuxième année pour produire une très haute tige qui portera de grandes feuilles allongées et un long épi de fleurs en juillet et août. Généralement, elle meurt avec l'hiver suivant, semant autour d'elle ses innombrables graines qui, en pouvant survivre dans le sol pendant des années, lui assureront une bonne descendance. Elle aime les champs ensoleillés, les terres sablonneuses et les sols bouleversés par l'homme ou les feux de forêt.

Les feuilles et fleurs de molène sont encore utilisées de nos jours en herboristerie, pour traiter les affections respiratoires, les infections de peau, et les maux de gorge, entre autres. Elles ont des propriétés antibactériennes et anti-inflammatoires.

L'huile de molène serait très efficace pour les infections au niveau de l'oreille externe et moyenne. Elle permet d'éviter d'avoir recours aux antibiotiques.

Il est contre-indiqué de l'utiliser si le tympan est perforé, par contre, pour éviter des complications. Il ne faut pas l'utiliser si l'oreille coule. Elle soulagerait aussi les chiens et chats aux prises avec des mites dans les oreilles.

La molène n'est pas douce que pour les oreilles...
En effet, on peut toujours utiliser ses feuilles
comme papier hygiénique quand on se retrouve
"mal pris" dans la nature. Celles-ci sont épaisses et veloutées.
Certaines espèces d'abeilles sauvages utilisent leurs poils
pour tapisser leur nid. Si on veut récolter ses feuilles pour les
faire sécher, il est recommandé de le faire avant la floraison.
P.S. J'étais aux prises avec une démangeaison dans le canal moyen des deux oreilles (problème de peau trop sèche), alors j'ai utilisé mon huile pour la première fois avant de publier cet article. Efficace. Une application de quelques gouttes tous les 2 jours pendant 4 jours a ramené ma paix d'esprit !

P.P.S. Par contre, contre une vraie otite (ce que je fais rarement), ce remède n'a pas fait de miracles. Je l'ai appliqué quotidiennement et j'ai simplement attendu que le mal se passe. Ce qui s'est produit après quelques jours, comme cela m'arrive d'habitude, tout simplement. Je ne peux donc pas dire que l'huile de molène m'a véritablement aidée, mais elle n'a pas nui non plus, bien sûr ! En tout cas, comme d'habitude pour moi, je n'ai pas eu besoin de recourir à des antibiotiques. C'est toujours ça de pris !


jeudi 16 août 2012

Le velours de la pêche

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La suite de cet article ici.

Hélène :
L'an passé, ma recherche désespérée pour un arbre fruitier de petite taille et qui est autre que l'éternel pommier s'est arrêtée d'abord sur un abricotier, malheureusement en rupture de stock. On me dirigea vers le pêcher Reliance en m'indiquant qu'il était un arbre plus résistant (comparé à l'abricotier) et que ces fruits était très bons.

Mon pêcher au printemps 2012. À ses pieds, il y a
des narcisses, un hosta et deux sortes d'hémérocalles.
Il est bien protégé par la clotûre qui coupe les vents Nord-Ouest.

Mais voyons! Des pêches et des abricots au Québec? Qu'est-ce que c'est que cette lubie ? On viendra me dire qu'on peut aussi faire pousser des bananiers! (En fait, nous avons apparemment une sorte de "banane nordique", le paw paw, dont le goût du fruit serait entre la banane et la costarde vanillée, quoique je n'en ai pas fait l'expérience personnellement).


Les fleurs sont roses et délicates.
Pour revenir à mes pêches, j'ai décidé de tenter le coup et la chance a voulu que le patron lui-même vienne me livrer à domicile l'arbre en question. Il m'a indiqué que le site que j'avais choisi pour l'arbre serait parfait; le coin formé par une clôture en bois haute de 7-8 pieds le protégerait très bien des vents et autres intempéries et il aurait assez de soleil.

À part ça, il faut préférablement être en zone 5 au minimum, mais j'ai déjà entendu parler d'abricotiers qui pouvaient survivre jusqu'en zone 3! De quoi nous faire fondamentalement repenser à ce qu'on peut faire pousser chez nous au Québec, non?

L'année dernière, les fruits étaient déjà en formation lorsque j'ai acheté l'arbre. Ne sachant pas quand les cueillir exactement, j'ai attendu qu'ils soient un peu trop tendres. Erreur, surtout que ce n'est pas moi qui les ai cueilli, mais plutôt l'ouragan Irène qui les a tous envoyés au sol! Les fruits avaient donc une chair un peu grumeuleuse (il s'agit de la photo d'en haut), mais leur goût était tout de même exquis, ou du moins, mon fils ne les a pas boudés pour autant!

Amélanchier en fleur
Cette année, par contre, j'ai eu peur de ne pas en avoir du tout. Mon amélanchier (amelanchier canadensis), m'avait fait de succulents fruits les 2 dernières années, mais cette année, les fleurs ont toutes disparu. Sans fleurs, pas de fruits. Probablement un gel de nuit les a emportées, malgré les températures clémentes du printemps. Heureusement, la floraison du pêcher se fait un peu plus tard et n'a donc pas subi le même sort.

Cette année, j'ai cueilli la première pêche à la fin du mois de juillet, au toucher, elle était encore très ferme, mais elle n'avait plus aucune trace verte sur sa peau duveteuse. Le goût était encore meilleur que celle de l'année d'avant ; une fraîcheur et une saveur différentes de celles en épicerie et elle avait même une petite astringence. Il faut dire que la peau est assez épaisse (et le velours aussi) et Reliance fait des fruits nettement plus petits. Mais en conclusion, c'est une autre belle histoire d'amour qui commence!

Remarquez la forme des feuilles: On dirait presque un arbre exotique!
Note, si vous souhaitez un bon livre sur les fruits inhabituels ou oubliés du jardin, le livre de Lee Reich, Uncommon Fruits for Every Garden est absolument excellent! La meilleure partie : Mr. Reich vient de l'état de New York, donc plusieurs de ses recommandations sont valides ici!

mercredi 1 août 2012

L'aneth et la bourrache, étoiles de mon jardin

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Hélène :
Beaucoup de mes connaissances n'aiment pas le goût de réglisse donné par différentes fines herbes comme l'anis étoilé, l'aneth, le fenouil, l'hysope et même l'origan. Moi-même je n'en suis pas une fan, quoi que je m'y suis habituée récemment.

Les fleurs d'hysope font le délice de mes abeilles.
Elles se mangent aussi! Enfin, si vous aimez le goût de réglisse.


Récolte de juillet, 2 fleurs d'aneth, quelques tiges
de lavande, mes premières framboises dorées et une
fleur de bourrache (l'étoile bleue au centre des framboises).
Ceci a commencé avec l'aneth, un petit plant acheté l'an passé, sans grande intention autre que d'avoir une plante phare pour les insectes bénéfiques comme les abeilles. En plus, l'aneth est une très jolie plante, à mon oeil, avec un feuillage vert bleuté finement ciselé. Viennent ensuite les fleurs, de grands parasols jaunes à l'allure étoilée et à l'odeur absolument sublime. Puis ces fleurs se transforment en minuscules graines brunes lignées au contour blanc. La tige de l'aneth elle-même est lignée vert pâle et vert bleuté! Il n'y a pas à dire, de ses 4 pieds de haut, elle a attiré mon oeil. Et puis elle a attiré mon nez. Quelques têtes suffisent à embaumer la maison d'une merveilleuse odeur d'été. Finalement, j'y ai goûté et j'ai été très étonnée. Rien à voir avec les condiments et épices de l'épicerie ! Pour la première fois, j'aimais le goût de réglisse.

Le tiers de la récolte de l'été 2012.
Considérant qu'il s'agit d'une plante qui ne
demande aucune attention et qui a repoussé
d'elle-même, la récompense est notable!
La salade suivante en a bénéficié et le résultat était tel qu'il n'y a pas eu une salade depuis qui n'en avait pas. Quelques autres utilisations de la plante: On peut utiliser les graines dans un pain, ou en faire une délicieuse tisane qui aide les problèmes de digestion. Ou encore le classique, une tige fleurie qu'on ajoute à un pot de cornichons maison.

En plus de tout ceci, la plante se ressème allégrement! Je n'ai pas acheté de plant cette année, elle est revenue d'elle-même. Mon petit truc pour paresseux : lorsque vous couperez les têtes de graines, n'y allez pas délicatement, secouez-la un peu ; quelques graines tomberont au sol et voilà ! De nouveaux plants seront présents l'année suivante. En bonus, détacher les graines des têtes florales est une tâche facile et agréable. Et puisque la floraison est successive, on peut simplement récolter un petit peu à chaque jour, plutôt que tout d'un coup.

La jeune fleur de bourrache est
rose et tourne au bleu à
maturité.
Et quoi dire d'une autre plante annuelle, la bourrache (Borago Officinalis), plante médicinale et culinaire à l'aspect d'une belle étoile bleue. Vous aurez peut-être à chercher pour trouver des graines; n'en ayant pas trouvé moi-même au centre de jardin près de chez nous, j'en ai commandé chez Richters. Elle a quelques caractéristiques semblables à l'aneth, quoi que les 2 plantes ne se ressemblent pas du tout. D'abord, elle aussi se ressème facilement à partir de graines et elle est aussi une plante importante pour les insectes bénéfiques.  La fleur se mange et elle est délicieuse! En effet, son goût se rapproche de celui du concombre (quoi que certains disent qu'elle goûte plutôt l'huître) et elle va donc très bien dans les salades ou sur de petits canapés.

Certaines sources mentionnent qu'on peut la mettre dans les glaçons, mais l'ayant moi-même testé, le résultat est quelque peu décevant. La fleur perd beaucoup de sa couleur lorsque exposée au froid et a de toute façon tendance à flotter, ce qui rend son emprisonnement difficile. Une dernière ressemblance entre la bourrache et l'aneth : Les deux plantes ont la réputation de promouvoir la production de lait maternel. Si vous allaitez et que vous songez à prendre l'une ou l'autre de ces plantes dans ce but spécifique, consultez d'abord un herboriste qui pourra vous indiquer la dose à utiliser, sinon vous pourriez avoir des inconforts, voir des douleurs!

Une fleur sur un glaçon, c'est mignon. Dans le
glaçon, elle perd de son éclat et de sa forme étoilée.

Quelques informations devraient être prises en note au sujet de l'aneth. Ne les plantez pas à l'avant du jardin (à moins que, comme moi, vous ayez un jardin quasi sauvage), bien qu'elles fassent peu d'ombre du haut de leurs 4-5 pieds, elles peuvent vous entraver dans votre travail de jardinier. Moi je la trouve superbe, mais certains trouvent que c'est une plante aux apparences de mauvaise herbe. Et enfin, avant d'acheter un plant, sentez-le. S'il n'a pas d'odeur, trouvez-en un ailleurs! La vie est trop courte pour de l'aneth qui ne goûte et ne sent rien.
Jardin très sauvage. Je vous avais prévenus !

mercredi 4 juillet 2012

Maitrank et Abeilles

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L'entrée du jardin, une spirée en fleurs blanches, un rosier églantier et des framboisiers dorés en bas à droite.

L'aspérule odorante se cache sous les framboisiers, 
à l'entrée du jardin. Elle est couverte non seulement
de ses propres fleurs, mais aussi des pétales tombées
de la spirée, comme s'il s'agissait d'un mariage!

Hélène :
Bienvenue dans le jardin! L'entrée de celui-ci était définitivement à son meilleur lorsque j'ai commencé cet article, vers la fin Mai - début Juin, lorsque la spirée croulait sous les petites fleurs blanches. Ce superbe spectacle s'est transformé récemment avec la barbe de bouc qui offre de belles spires ivoire en forme de feux d'artifice et le rosier églantier aux fleurs roses éclatantes.

Le mois de Mai offre un étrange petit rituel, bien connu en Europe et provenant d'Allemagne (quoique le wikipedia français nous informe - contrairement à sa version anglaise - que sa provenance serait la Belgique). Le Maitrank, Maibowle, May wine ou boisson de Mai, servi traditionnellement lors de la fête du jour de Mai, est fait en aromatisant un vin avec de l'aspérule odorante (Galium Odoratum, parfois aussi connue sous Asperula Odorata). D'autres sources indiquent qu'un vin pétillant peut être utilisé, certains mentionnent des tranches d'orange et autres, moi je suis restée dans la simplicité, n'ajoutant que l'aspérule et du sucre au vin, à laisser mariner pendant 1 mois.
La recette (provenant de cet excellent livre) que j'avais sous la main proposait de le faire avec un Riesling ou un Sylvaner (deux types de vin blanc légers printaniers). J'ai donc contacté un bon ami sommelier, Christophe, qui a un blog sur le vin (en anglais) pour lui demander son opinion. Il m'a proposé un sylvaner très alléchant. Et puis, j'ai pris par erreur aussi un Riesling et ceci me met dans l'heureuse position de pouvoir tester la recette avec 2 vins différents.

Le résultat est surprenant. Le goût du vin est de beaucoup atténué et on goûte définitivement la plante elle-même. La recette essayée faisait mention d'ajouter du sucre et de servir bien froid. Heureusement que j'ai bien suivi cette dernière indication, sinon en effet, le breuvage aurait goûté trop sucré à mon goût, se rapprochant définitivement du vin de glace, dont je ne suis pas particulièrement partisane. Mais il faut le dire, c'est une excellente boisson pour les chaleurs d'été, sans nul doute!

Prête à mariner pour un mois.



Finition un mois après! Avec la barbe de bouc en arrière-plan
qui fait comme un feu d'artifice!


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Les Abeilles :

L'amélanchier n'ayant fait aucun fruit malgré ses multiples fleurs, j'ai bien eu peur que l'hiver que nous avons eu, aussi doux eut-il été, ait aussi emporté mes puissantes alliées du jardin - je parle bien sûr de mes abeilles solitaires (megachilidae ou coupeuses de feuilles), quoique le "mes" soit bien déplacé. Je ne leur ai pas fait un nid, je me suis juste retenue, lors d'une période d'inquiétude naïve, de le détruire. Après avoir contacté l'Insectarium de Montréal, qui offre une expertise indispensable pour l'identification de différents insectes, je vous rapporte leurs recherches et mes observations personnelles.

Voici un individu qui sort de son nid pour la 
première fois de l'année. Les nouveaux nids sont
très visibles ; ils ont souvent un petit tas de bran
de scie (sciures de bois) à l'extérieur de l'entrée.
Il semble que les planches de bois de ma plate-bande peuvent accommoder - suite à mes observations personnelles -    une vingtaine de nids d'abeilles par année, si ce n'est plus. Il m'est clair qu'elles font un travail de poids dans mon jardin. Cette année, j'ai eu le plaisir d'assister à leur éveil, le 29 mai dernier. En cette date précieuse, j'ai non seulement assisté à la sortie de nid de certaines d'entre elles, mais elles m'ont permis de prendre photo après photo sans en sembler troublées!


Voici ci-dessous une très belle photo : Une abeille et un syrphe butinent ensemble des fleurs de ciboulette. La réponse de l'Insectarium, en plus de m'affirmer l'identité de ces 2 individus, mentionne également que le syrphe est un excellent pollinisateur et que son apparence d'abeille ou de guêpe lui sert de protection (mimétisme mullérien).
Dans les fleurs de ciboulettes, il y a ici non
seulement une abeille mais aussi un syrphe (Syrphidae), petit
insecte qui ressemble à une abeille, mais ses
mouvements se rapprochent plutôt de ceux d'un colibri!
C'est aussi un incroyable pollinisateur et ses larves sont
des prédateurs farouches des pucerons!
En arrivant sur ce terrain en 2008, j'ai eu bien peur : "Je m'appuie tout le temps sur ce bois pour travailler, j'ai un jeune enfant qui aime jouer dans le jardin et lui, il met tout le ventre sur les planches! Elles vont nous piquer, c'est sûr!" Et bien rien! Nada, nein. Nous n'avons jamais été piqués et bien que nous y allions avec précaution, ces abeilles sont non seulement pacifiques et capables de s'adapter, mais elles ont aussi appris à nous tolérer (et vice-versa, on l'admet), puis à nous accepter, puis... Puis. Et ici, c'est toujours difficile d'exprimer ce qui se passe et malgré que ce sont des abeilles solitaires fournissant des individus différents à chaque année (une abeille vit un peu plus d'un an seulement), on dirait qu'on se connaît, qu'on se reconnaît et qu'on devient rapidement confortable l'un avec l'autre.
Les coupeuses de feuilles font de parfaits cercles
sur les feuilles de mes amélanchiers
et utilisent ces morceaux dans la fabrication de leurs
nids. Malgré l'aspect de la feuille, il ne s'agit pas de
dommages dangereux pour l'arbre.
Si vous remarquez vous aussi ce genre de trous
ronds sur les feuilles de vos plantes, c'est un bon
signe qu'il y a des abeilles coupeuses de feuilles
tout près ! En effet, elles ne peuvent emporter ces
 bouts de feuilles que sur de très courtes distances.
Par exemple, il y a quelques jours, alors que je cueillais des fraises, une est venue me voir de très proche, s'est frottée contre moi, puis est repartie (la vitesse des petites ailes sur la peau m'a donné la chair de poule!). Peut-être voulait-elle simplement m'identifier. L'an passé, lors de ma course folle à la pollinisation au pinceau de mes cucurbitacées (relatée dans cet article), j'en ai coincé une dans une fleur. Je l'ai brassée du pinceau et bien que déboussolée lorsqu'elle en est sortie (et vous pourrez peut-être mettre ça sur le compte de son étourdissement), elle ne m'a pas piquée. 
Il m'arrive souvent de travailler à proximité du nid de mes abeilles. Pendant cette période, j'ai clairement remarqué qu'elles évitent alors d'y entrer ou d'en sortir jusqu'à ce que je sois partie. Nous avons "une entente". Elle n'est pas signée sur papier, mais ça marche. Alors bien que je n'aie pas d'amélanches cette année à déguster (et que la cause apparente semble plutôt être due à un gel nocturne), je respire définitivement mieux sachant que les abeilles vont bien - très bien, même.