mercredi 28 mars 2012

Pas besoin d'avoir une cabane à sucre pour produire son propre sirop d'érable !

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Notre sirop est de fort belle qualité.
Louise :

 Voilà ! La nouvelle n'est déjà plus fraîche : la saison des sucres est déjà terminée. Elle a commencé plus tôt que d'habitude et aura été plutôt courte. Ce qui fait que j'ai déjà hâte à l'an prochain.

Pour la saison 2012, nous n'aurons pas produit autant de sirop que prévu : nous avons trop tardé pour entailler.
Dommage, l'eau d'érable  était vraiment de bonne qualité. Malgré tout, ce que nous avons récolté (soit 2,5 litres) vaut largement la peine, autant pour le plaisir que pour le précieux produit lui-même.

Je pensais pouvoir publier cet article bien avant la fin du temps des sucres. Et à l'évidence, je n'y suis pas parvenue. Mais ce n'est pas plus mal, car mon propos est de partager mon expérience personnelle avec des jardiniers qui voudraient se laisser tenter par cette récolte si québécoise, la toute première de l'année. 
Si vous voulez vous lancer dans l'aventure, d'ailleurs, il n'est pas bête d'y penser un an d'avance pour vous préparer. Premièrement, vous voudrez peut-être savoir quelle sorte d'érables vous avez sur votre propriété. Quelques recherches sur internet pourront vous aider. Voici un lien bien utile sur l'identification des arbres au Québec. Ou il existe aussi cette app, si vous êtes enclin vers la technologie. 

Notez bien qu'on peut entailler avec succès les érables à sucre (Acer Saccharum), bien sûr, mais aussi les érables noirs, rouges et argentés, et même les érables à Giguère. La concentration en sucre variera d'une espèce à l'autre. 

Les bouleaux s'entaillent aussi, mais leur sucre est beaucoup moins concentré, alors il faudra 100 litres d'eau de bouleau pour 1 litre de sirop et celui-ci goûtera plutôt... la mélasse ! D'ailleurs, la technique de production de ce sirop n'est pas exactement la même que pour le sirop d'érable et la saison pour entailler non plus.  J'ai appris récemment qu'on peut aussi entailler les peupliers et les noyers. Je suppose que chacune de ces espèces donne un sirop à la saveur distinctive.

Donc, vous avez quelques érables sur votre terrain ? Alors, la production de sirop est à votre portée. Vous n'avez pas cette chance ? Et si le voisin au bout de la rue en avait, lui ? Ou votre cousin ? Ou votre grand-mère ? Vous pourriez leur offrir vos services comme acériculteur bénévole et partager la récolte avec le ou les chanceux propriétaires ! 

Voici donc ma méthode personnelle pour récolter l'eau d'érable. Si toutefois, vous voulez y aller de façon plus sophistiquée, allez consulter les liens au bas de cet article.

Combien faut-il d'érables ?
Vraiment pas tant que cela. En nous aidant des informations trouvées sur internet, faisons un petit calcul : Dès qu'un érable atteint 25 cm de diamètre (10 pouces), on peut sans danger lui faire une entaille. à mesure qu'il grossit, on peut lui faire plus d'entailles, jusqu'à 4. Ainsi, un érable qui a 62cm de diamètre et plus (25 pouces et plus) pourra recevoir 4 entailles. Si vous avez assez d'érables sur votre terrain pour totaliser 6 entailles, vous pourrez probablement obtenir 1 gallon de sirop. De quoi couvrir les besoins de votre famille pour une année. Bon, ça dépend toujours de votre gourmandise... Je connais un couple qui consomme 4 gallons par année.
Par exemple, chez moi, nous avons 1 érable à sucre centenaire qui est encore productif (3 entailles) et trois autres assez gros pour les entailler (3 entailles de plus). En tout, 6 entailles nous permettent  généralement de récolter au moins 40 gallons d'eau d'érable, qui seront bouillis pour donner 1 gallon de beau sirop doré. 

Ne vous en faites pas, 40 gallons, ce n'est pas si effrayant que c'en a l'air, surtout que ce n'est pas tout d'un coup qu'on les reçoit. Nous travaillons tous les deux à temps plein, mon conjoint et moi, et avec un peu d'organisation, nous arrivons très bien à gérer cette quantité de liquide durant les quelques semaines que dure la saison des sucres.

Un matériel de base assez simple pour faire la récolte :
Pour recueillir la précieuse eau d'érable, il vous faudra quelques chalumeaux (les petits "becs" qu'on enfonce dans l'arbre) et autant de seaux de fer blanc, munis de leur couvercle. Nous avons acheté les nôtres du propriétaire d'une érablière il y a plusieurs années. Mais certaines quincailleries et des magasins de produits agricoles en vendent aussi.
Vous aurez aussi besoin d'un marteau et d'un vilebrequin (ou d'une perceuse électrique et d'une extension électrique pour l'extérieur, ou mieux, d'une perceuse à piles). La mèche doit faire des trous qui correspondent au diamètre de vos chalumeaux. Nous avons remarqué que ce sont les entailles qui reçoivent du soleil qui donnent le plus de sève. Donc, n'entaillez pas la face nord de vos arbres, car vous risquez de ne récolter presque rien de ce côté.

Les couvercles servent à protéger le contenu des seaux de l'eau de pluie et des saletés qui peuvent y tomber, mais malgré tout, vous y retrouverez de la poussière, de petits débris d'écorce, de mousse et de lichen, et même des insectes morts noyés dans votre précieux liquide. Pas de panique ! Il vous suffira de filtrer votre eau avant de la faire bouillir et le tour sera joué. Pour cela, vous aurez besoin d'un tamis ou d'une passoire que vous tapisserez d'un linge propre. 
Mon système de filtration est tout simple :
un tamis métallique déposé dans un bol...
... puis recouvert d'un linge propre plié en deux ou en quatre.
Je verse l'eau d'érable, et le tour est joué.
S'il y a beaucoup de saletés dans l'eau,

il m'arrive de reprendre le processus une deuxième fois. Certains voudront aussi filtrer le sirop. Je ne me donne pas la peine de le faire. Mon sirop reste beau et clair,
mais parfois, il se forme une lie au fond du pot, ce qui n'affecte en rien le goût du sirop.
Les jours où les érables coulent beaucoup, il vous sera très utile d'avoir un contenant de réserve pour entreposer l'eau d'érable en attendant que vous puissiez la faire bouillir. En effet, j'ai remarqué qu'elle peut se conserver 24 heures au frais avant que le goût ne s'altère et qu'elle se brouille. Dehors, à l'ombre, c'est parfait, du moment que la journée est fraîcheUne bouteille d'eau géante (du type qu'on renverse la tête en bas pour alimenter une distributrice) fera parfaitement l'affaire (munissez-vous d'un large entonnoir pour ne pas tout renverser à côté du goulot). Mais un seau très propre ou un autre contenant de 5 ou 10 gallons pourront jouer le même rôle. Si vous préférez, vous pouvez aussi simplement boire vos surplus d'eau d'érable, un délice en soit (mais attention, boire une grande quantité d'eau d'érable peut donner la diarrhée à certaines personnes - le réduit peut avoir cet effet aussi; moi, ça ne m'affecte pas du tout).

Enfin, il vous faudra une grosse marmite et une source de chaleur pour faire bouillir votre eau. Une écumoire ou une grosse cuillère de métal vous seront aussi utiles pour ramasser l'écume blanche qui se forme à la surface durant l'ébullition.
Vous aurez besoin d'une grosse marmite.

Si vous faites votre sirop à l'intérieur, et que vous possédez un poêle à bois, vous pourrez simplement déposer la marmite dessus et laisser l'eau s'évaporer lentement. 

C'est la méthode de Lee Reich, un agronome américain dont le site est très intéressant. Sinon, vous aurez à dépenser de l'électricité ou du gaz pour faire bouillir toute cette eau sur le dessus de votre cuisinière. Mais vous récupérerez une bonne partie de la chaleur pour réchauffer la maison, surtout si, ayant un intérieur où l'air est trop sec, comme chez moi, vous ne faites pas fonctionner la hotte pendant une partie ou toute l'opération afin de conserver la vapeur à l'intérieur, en tout ou en partie.


On entend souvent les gens s'objecter quand on leur dit
qu'on fait bouillir à l'intérieur : "Vous allez vous retrouver
avec des murs collants !" Eh bien, pas du tout ! 
Par contre, la cuisine va certainement s'embuer : 
l'occasion rêvée pour laver en un tour de main la face
intérieure des fenêtres, la hotte, les murs et le plafond !

Mais les jours où la production est élevée, vous augmenterez beaucoup le taux d'humidité de votre maison, même en faisant fonctionner la hotte. 

Je vous rassure tout de suite : vous ne vous retrouverez pas avec les murs de votre cuisine tout collés (si c'est le cas, c'est qu'ils étaient déjà sales et plus ou moins graisseux avant que vous commenciez à faire bouillir, ou encore, selon Lee Reich, parce que l'eau bout si violemment qu'elle envoie dans l'air des goutellettes dans tous les sens en plus de produire de la vapeur). Cette vapeur qui se déposera sur les surfaces de votre cuisine sera toute propre, comme celle de la salle de bain après une longue douche chaude. Puisque l'eau s'évapore ainsi, le sucre, lui, reste dans la marmite et c'est ce qui donne le sirop concentré.

Personnellement, je profite de toute cette humidité qui se dépose sur les surfaces pour laver ma cuisine. Dans le reste de la maison, par contre, l'humidité ne s'accumule pas en quantité suffisante pour me permettre de faire la même chose.

Cette année, je voulais faire bouillir à l'extérieur. Pour cela, je voulais me fabriquer un "poêle fusée" (rocket stove) portatif, mais je n'ai pas eu l'occasion de mettre mon idée à exécution, finalement. Ce sera donc pour l'an prochain... Il existe des plans et vidéos sur YouTube qui montrent comment en construire un portatif avec 16 briques ou quelques boîtes de fer-blanc, par exemple. C'est un système extrêmement performant et très peu polluant qui produit une chaleur intense sans fumée en utilisant une quantité minime de bois. 

Ma méthode d'ébullition : 
Honnêtement, elle pourrait être plus sophistiquée. Par exemple, je suis sûre que je pourrais utiliser un thermomètre. Mais comme j'ai commencé à "bouillir" à une époque où le budget était très serré, j'ai dû m'en passer et je me suis habituée ainsi. Mais si vous voulez procéder de façon plus scientifique, allez voir le document du gouvernement de l'Ontario (lien à la fin de l'article).
Cette marmite était pleine aux deux-tiers, de la récolte d'eau d'érable de la journée.
Je l'ai fait bouillir  à feu moyen durant environ 6 heures, 
j'ai écumé au besoin
et j'ai obtenu 500 mL (2 tasses) de sirop.

Cette vapeur nettoyante embaume toute la maison. On se croirait à la cabane !
Si je dois interrompre l'ébullition pendant plusieurs heures avant d'avoir obtenu du sirop,
je mets le réduit (c'est-à-dire l'eau d'érable pas suffisamment évaporée)
au frais (au réfrigérateur, par exemple) et je reprends le processus plus tard.
Il m'arrive même de faire d'abord bouillir la nouvelle eau récoltée la journée suivante,
puis en fin d'ébullition, d'ajouter mon réduit de la veille. Mais on peut toujours ajouter de la nouvelle eau
 d'érable en plein milieu d'ébullition sans aucun problème.

Pour déterminer le moment où l'eau est devenue du sirop, ma méthode n'a rien de scientifique : je compare le goût en sucre avec du sirop de l'année précédente, s'il m'en reste, ou avec du sirop du commerce. La texture de mon sirop est aussi un indice, mais n'oubliez pas qu'un sirop bouillant vous semblera beaucoup plus liquide que lorsqu'il sort du réfrigérateur !

Attention : il est toujours possible de faire bouillir à nouveau un sirop trop clair, mais si vous y allez trop fort, vous vous retrouverez avec de la tire que vous pourriez utiliser sur la neige... si vous avez eu la prévoyance de mettre un contenant de neige propre et bien tassée au congélateur, bien sûr !


Pour en apprendre plus sur le sirop d'érable, ses qualités nutritives et sa production, et pour avoir accès à des recettes, voir le site de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec.

Pour une méthode détaillée sur l'entaillage, les ustensiles, la cuisson et la préservation du sirop, voir le document du gouvernement de l'Ontario sur la production domestique du sirop d'érable.

Et souhaitons-nous du plaisir à nous sucrer le bec !

Cueillette sous la neige


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Pousses d'iris sous la neige, Freya est déçue elle aussi du manteau blanc qui recouvre le terrain,
mais sa jeunesse enjouée ne l'empêche pas d'aller explorer le monde extérieur.
Hélène :

Aujourd'hui dans la cour, la tranquillité n'est brisée que par le bruit de la neige qui fond. Le bruit rappelle presque la pluie, sans toutefois en montrer le moindre signe. C'est que, la semaine dernière nous avions des températures dans les 20 degrés celcius et cette semaine ça tourne bien plus autour des zéros. Et voilà - Oh horreur! - une neige est tombée la nuit dernière. On s'inquiète de nos tulipes et de nos arbres à fleurs - magnolia, lilas, personnellement mon amélanchier et mon pêcher. Mais cette neige fond rapidement, ce qui se constate facilement sur ces quelques photos : comme j'écris, la plus grande partie est déjà fondue.


Pousses d'hémérocalles en avant-plan,
les deux ciboulettes subsistent à l'hiver en arrière-plan.
 Et donc, le sol, qui a eu le temps de bien dégeler la semaine dernière, est encore travaillable. Et c'est en pensant à ceci que je me suis retrouvée dans mon jardin, dans cette beauté paisible, et que j'ai décidé de cueillir un légume que j'avais laissé l'automne dernier, justement en prévision d'en faire récolte au printemps.


Et voilà! Un coup de pelle seulement a ramené à la surface les topinambours tant attendus ! Helianthus Tuberosus, plante remarquable qui ressemble un peu aux tournesols, mais beaucoup plus grande, forme sous le sol un amoncellement de tubercules comestibles ressemblant un peu à la patate. Ce légume est riche en inuline et offre l'avantage de n'avoir aucun amidon (pour ceux qui ne peuvent pas en prendre, prenez note). Elle était cultivée par les tribus amérindiennes et a souvent été mentionnée comme remplacement de la patate. Voici la page wikipedia sur le sujet.


Les tubercules sont contre le cabanon, cette masse beige pleine de terre.
La beauté de cette entreprise c'est qu'il ne m'aura fallu qu'un coup de pelle et le
déracinage d'un seul plant (j'en ai deux) pour avoir un accompagnement
pour mon dîner et assez pour le souper de toute la famille ce soir.
Ce qui reste après m'être régalée sur l'heure du dîner.
Pesé à 542g, ça fera un légume délicieux ce soir!
Et rappelons-le! Un coup de pelle seulement! Il doit me rester au minimum
le double encore en terre.

Parlant de ce qui reste en terre, voici le noeud du problème. Il s'agit d'une plante très envahissante. Alors si vous en voulez vous aussi dans votre jardin, assurez-vous de la mettre dans un endroit où vous pourrez la contrôler.

Louise :

Les tubercules de topinambour sont comme les épis de maïs, dans ce sens qu'ils gagnent à être mangés frais, pour donner leur meilleure saveur.

Ils ressemblent aussi aux haricots de nos fèves au lard, dans ce sens qu'ils peuvent donner des flatulences. Pour les fèves, le truc, c'est de mettre un peu de bicarbonate de soude dans l'eau de trempage. Certaines personnes disent qu'on peut aussi utiliser le bicarbonate dans l'eau de cuisson des topinambours, mais je ne l'ai pas encore essayé. Le truc que j'utilise, c'est de les manger les plus frais possible. D'où l'intérêt de les cueillir soi-même au jardin lorsqu'on en a besoin : comment espérer produit plus frais ! 

On dit que les plants de topinambour sont comme la rhubarbe : une fois installés, ils reviendront toujours si vous laissez le moindre tubercule en terre (et c'est très facile d'en oublier). Moi, comme je n'ai pas trouvé d'endroit où je puisse les laisser là "pour toujours", j'ai opté pour les planter en pot. C'est une autre méthode qui fonctionne très bien, paraît-il, mais choisissez un pot de plastique auquel vous ne tenez pas, car j'ai vu des pots tout déformés par les nombreux tubercules qui s'étaient entassés à l'intérieur. 

J'ai donc enterré 4 petits tubercules à l'intérieur, dans un gros pot qui contenait une plante vivace achetée au centre de jardinage. Les plants pousseront dehors tout l'été et je ferai ma récolte en automne. 



Le topinambour dans toute sa gloire en automne.

Hélène :


J'aurais bien voulu, à prime abord, faire la récolte l'automne dernier, mais le printemps offre tellement peu de nourriture au début que je me suis dit que ça me ferait quelque chose à convoiter dans les sombres mois d'hiver. Et c'est ainsi que j'ai fait ma première récolte sous la neige.

dimanche 11 mars 2012

Oh oui, c'est le temps des semis!

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Cette année, la planification du jardin a été (littéralement) un jeu. Ici j'ai le plan du jardin dans un livre, des cartes des légumes désirés et des minis-cartes des fleurs qui seront utilisées en compagnonnage.
Hélène :

Avez-vous commencé à planifier votre jardin de cet été? Par ici, les plans, les commandes de graines et les semis sont bien entamés! Il va de soi que commander des graines versus acheter des plants coûte moins cher, mais le temps à dédier et l'expertise demandée pour réussir ce défi n'est pas négligeable, ce qui ajoute définitivement du fil à retordre pour plusieurs (moi la première). Et puis, je vous en avais parlé, j'ai déjà essayé de faire pousser des graines dans un gros pot avec du terreau d'empotage du magasin et ça n'avait pas marché. L'an passé je me suis finalement investie sérieusement avec un tapis de chauffage et un petit support lumineux (pas ce modèle exact, mais l'équivalent de l'an passé). Résultat de l'an passé : quelques difficultés, mais pour la première fois, j'ai goûté à des tomates vraiment différentes que je n'aurais pas pu me procurer autrement et à des piments hors de l'ordinaire.

Tablette de semis avec le tapis dessous. Remarquez
l'aluminium accroché pour refléter plus de lumière.
Remarquez aussi que c'est sur une bibliothèque qui est
quasiment inattaignable pour les chats.

Cette année, la partie est recommencée avec plus de variétés de tomates et de piments. Et force est d'admettre que, déjà, mon expérience de l'an passé paie. J'ai beaucoup plus de facilité, les pertes de plantes sont réduites et les plants sont beaucoup plus vigoureux! L'apprentissage se fait, quoi ! Mais il y a, au point où j'en suis, quelques points dont j'aurais voulu avoir été au courant lorsque j'ai tenté de faire des semis il y a de cela des années (cette liste s'allongera probablement aussi dans les années à venir puisque j'en apprends tout le temps).

1. Il est dur de donner trop de lumière. Et si vous y allez en plus pour l'éclairage naturel, rappelez-vous que le soleil du Nord n'est pas aussi fort que le soleil de la Californie. En gros, maximisez la lumière donnée aux petits plants, soyez ingénieux : utilisez des miroirs ou de l'aluminium pour réfléter au maximum la lumière apportée. La plupart des tablettes viennent avec des lumières dont la hauteur est ajustable. Lorsque les semis démarrent, n'ayez pas peur de mettre la lumière très, très proche d'eux, c'est-à-dire à quelques centimètres au-dessus. C'est même essentiel, pour ne pas vous retrouver avec des "grandes échalotes" toutes étiolées.

2. De la chaleur, ça fait toute la différence! De cette manière, les graines auront le temps de germer avant de se mettre à pourrir, alors un tapis chauffant sous la serre et même sous les pots de jeunes plants donne le coup de pouce qui peut vraiment faire une différence entre la vie et la mort.

Dans la petite serre de plastique, en bas à gauche,
de nouvelles graines sont prêtes
à germer. Les plants tout autour ont 3 semaines, 
sur cette photo.
3. Tant que vos graines n'ont pas germé, une serre comme celle de la photo de gauche ou un sac de plastique placé pour faire une bulle sur le pot conservera l'humidité optimale. Et n'allez pas acheter une serre trop grande : Prenez la taille requise pour faire germer le nombre de plants que vous désirez. L'an passé, j'ai acheté une serre à 50 places et je pensais que de n'en utiliser qu'une partie marcherait. Erreur! Tous les plants adjacents aux espaces vides n'ont jamais poussé, car ils étaient moins chauds et désséchaient plus rapidement que ceux entourés de tous côtés.


Petite plante prête au rempotage dans un mélange
de terreau, vermicompost et perlite.



4. Du terreau de rempotage ordinaire, ça fait le travail, c'est sûr, mais il y a quelques petits détails à mentionner. D'abord, il contient très peu de nutriments et puisque c'est un terreau stérile, il ne produit aucun nutriments non plus. Certaines personnes ajoutent une poignée de terre du jardin, ainsi elles introduisent des bactéries dans ce terreau, ce qui rend la terre plus riche en bout de ligne. D'autres ajoutent du compost, une très belle alternative... quand notre compost n'est pas caché sous 4 pieds de neige! Il y a aussi du vermicompost, ce que je vais utiliser cette année, mais qui doit être bien mélangé au terreau et non déposé en surface, faute de quoi il pourrait croûter (et ça devient par conséquent difficile, voire impossible à arroser efficacement). J'ajoute aussi de la perlite. C'est de la roche volcanique très fine ou en petites billes, blanche (dans le verre sur la photo) et qui sert à retenir l'eau, donc les plantes risquent moins de déssecher. Attention par contre, avec la perlite, il est conseillé de la mouiller légèrement avant de travailler avec, car elle fait de la poussière qui est irritante pour les poumons si on l'inhale.
Les racines disent clairement qu'il est plus que temps de rempoter, ici.
5. N'attendez pas trop longtemps pour faire la transplantation, surtout si vous fonctionnez avec des pastilles! Une toute petite plante qui est dans un pot trop gros pour elle, ce n'est pas optimal, mais une plante qui n'a plus d'espace, c'est carrément mortel.

J'espère que ces trucs vous inspireront à faire vos propres semis et à les réussir! Bien sûr, vous perdrez quelques plantes, mais ne vous découragez pas. Les plantes souhaitent vivre aussi, elles ont donc tendance à pardonner les erreurs de débutants.

En commandant vos graines, vous aurez des variétés de plantes hors de l'ordinaire,
 car la sélection disponible dépasse largement ce qu'un centre de jardin peut offrir comme variété.


Louise

Si vous n'avez pas de tapis chauffant, pensez mettre vos semis en hauteur (la chaleur ambiante augmente à mesure qu'on se rapproche du plafond). Un autre bon vieux truc, c'est de placer vos semis sur le dessus du frigo (au moins durant la nuit).

N'oubliez pas  qu'il vous faudra acclimater vos plants au moment de les sortir dehors. Choisissez une journée assez douce, nuageuse et non venteuse (ou placez vos plantes à l'ombre et bien à l'abri du vent) et sortez-les pour de petites périodes à la fois (par exemple, 30 minutes la première journée, 45 ou 60, la deuxième). Augmentez graduellement ces "bains d'extérieur" à mesure que vos plantes s'habituent. L'idée, c'est d'amoindrir le choc climatique, qui peut s'avérer assez fort pour tuer vos jeunes plants ou, du moins, les endommager sérieusement et retarder leur croissance.

Bonne saison de jardinage !