lundi 29 février 2016

Les succès et les échecs 2015 - partie 3

This article in english.

Louise :

Le petit jardin de ville à l'arrière d'un immeuble à logement n'est plus, sa propriétaire ayant déménagé l'année suivant sa construction. Du point de vue de notre blogue, il a été remplacé par un jardin de campagne sur une terre agricole, qui devient donc officiellement le "troisième jardin". Mais pour ne pas nous distraire de notre sujet d'aujourd'hui, je ne vous raconterai pas son histoire, ce sera pour la prochaine fois. Je vous parlerai plutôt de ses récoltes.
Sur notre terre à bois, les roches constituent une "récolte" omniprésente.
Comme j'aime bien garder le meilleur pour la fin, je vais donc commencer par ce qui n'a pas très bien fonctionné.

Les échecs à la ferme :
J'ai semé cette verdure en mars, sous la serre,
alors qu'il y avait encore beaucoup de neige
à l'extérieur. J'ai laissé deux des quelques
plants obtenus monter en graines, que j'ai
récoltées pour l'an prochain.
Ils ne sont pas vraiment nombreux et s'expliquent par la température très fraîche de l'été 2015: les poivrons ont très peu produit et, tout comme à la maison, nous n'avons mis la main sur aucune aubergine. Les cerises de terre ont été très décevantes, aussi. Pratiquement pas de framboises rouges sauvages non plus, contrairement à l'an passé. Seulement deux plants de courgettes sur six ont survécu à l'étape de la transplantation et ils ont produit, mais pas en grande abondance.

Je n'ai pas réussi à faire germer beaucoup de mâche et les quelques plants obtenus ont pris une éternité à grandir. Pour une première expérience avec cette verdure, ce n'est pas une réussite !

J'ai voulu établir de nouveaux légumes vivaces, dont des oignons égyptiens et de la ciboulette. Une demi-douzaine de plants de ciboulette (sur une possibilité de trois douzaines ou plus) ont réussi à pousser et j'ai perdu tous les oignons égyptiens. Pour quelle raison ? Ils étaient à deux endroits différents du jardin. Les oignons étaient à une extrémité d'une nouvelle plate-bande en pleine terre, alors que l'ail était à l'autre extrémité. Les oignons sont tous morts, mais l'ail a poussé (j'en parlerai un peu plus loin). Quant à la ciboulette, un facteur pouvait jouer en sa défaveur : la germination en ballot de paille n'est pas toujours uniforme, les deux principales raisons étant que les graines trop petites peuvent s'enfoncer dans la paille et que le taux d'humidité est plus difficile à maintenir. Mais je crois que j'ai évité ces deux pièges. Alors, mystère !

Les succès à la ferme :

Ce printemps, les fraisiers plantés l'année précédente
sont revenus en force. J'ai semé tout autour des oignons.
Ces deux plantes compagnes ont cohabité avec bonheur !
Petits fruits : nous avons deux douzaines de plants de fraises quatre saisons, dont la moitié  installés ce printemps (l'autre moitié, un an avant), ce qui nous a permis de récolter du début juin jusqu'aux gels les plus forts, à raison d'une poignée par jour en moyenne. Je m'assure que les jeunes plants, qui apparaissent au bout d'une longue tige envoyée par le plant-mère, s'enracinent bien, car ils assureront la continuité dans notre production. Nos plants sont installés dans la paille et ils semblent adorer cela. 

Les petits fruits de la morelle 'Wonderberry'.

 J'ai essayé un nouveau fruitier qui a produit en bonne quantité à partir de la mi-août : un hybride de morelle appelé 'Wonderberry' ou 'Sunberry' (Solanum Retroflexum aka Solanum x Burbankii). Si les gels d'automne n'étaient pas venus à bout des plants, je crois bien qu'ils seraient encore en train de produire ! Je raffole du goût de ces fruits, mais ils sont minuscules et il faut une grande patience pour les récolter. De plus, ils sont très fragiles (leur peau se déchire très facilement) et ne se conservent pas bien, mais ma soeur en a tiré une confiture sublime ! Leur peau ressemble à celle d'un bleuet, mais en plus mince. Leur chair, comme celle des bleuets, est pleine de minuscules graines qui ne diminuent pas l'expérience gustative, quoique plusieurs trouvent qu'ils ne goûtent pas grand chose. Attention ! IL paraît que cette plante se ressème allègrement. De plus, il ne faut pas manger les fruits verts (toxiques). Il ne faut pas non plus confondre cette plante avec la morelle noire (Solanum Nigrum), qui peut être mortellement toxique. 

Nous avons un immense bosquet de rosiers rustiques qui donnent des fruits, mais par manque de temps et pour la deuxième année, nous ne les avons pas récoltés. 

L'érythrone est une plante bulbeuse de nos
érablières qui se développe très lentement,
mais qui, avec les années, finit par 
couvrir

de grandes surfaces tôt au printemps.

Légumes et herbes vivaces : j'ai réussi à faire quelques récoltes une fois les plantes dûment identifiées. J'ai donc cueilli des feuilles d'érythrone d'Amérique, ou "dent de chien" (Erythronium Americanum), simplement pour y goûter, car cette petite plante est comestible. J'ai aussi récolté une grande quantité d'herbe-aux-goutteux (Aegopodium Podagraria), de la variété à feuilles entièrement vertes. Nous avons aussi du romarin et de l'origan. Comme nous avons de la menthe qui pousse en quantité sur le pourtour d'un petit lac ainsi qu'une douzaine de tilleuls matures, j'ai fait mes réserves annuelles pour mes deux tisanes préférées. 
Ceci est ma récolte de fleurs de tilleul 2015.
Vive l'abondance !
Légumes annuels : d'abord, les demi-succès. Si nous avons eu autant de tomates que l'an passé, c'est simplement parce que nous avions triplé le nombre de plants. La récolte d'ail n'a pas été aussi bonne que l'an passé, mais ceci peut s'expliquer autant par le nouvel emplacement de plantation (moins ensoleillé) que par la température. Les pommes de terre n'ont pas donné autant qu'espéré, mais elles ont été plantées dans une toute nouvelle plate-bande recevant tout juste huit heures de soleil et le sol n'y était probablement pas idéal. J'avais couvert la pelouse de plusieurs épaisseurs de carton, puis j'y avais versé du terreau à jardin (acheté en sacs), du compost et du fumier. Ce genre de terre n'est pas mauvaise en soi, mais en plantant tout de suite après la construction de la plate-bande, sa vie microbienne n'a pas eu le temps de se développer et de se stabiliser. J'ai remarqué que, souvent, les toutes nouvelles plates-bandes formées de cette façon donnent un rendement très moyen, du moins la première année.

À l'automne de 2013, nous avons
planté 28 bulbes d'ail à cou dur, une 
variété d'ail plus rustique que celui à 
tige tendre, qu'on retrouve dans les
épiceries. L'automne suivant (2014)
nous avons réservé 48 bulbes pour
les replanter (photo juillet 2015). En
octobre 2015, c'est 60 bulbes que j'ai
enfouis. C'est ainsi que notre récolte
grossit peu à peu. Chaque année, je
les replante dans un coin différent 
du jardin pour assurer une
rotation.
Par ailleurs, j'ai enfin compris comment avoir du succès avec les oignons : il faut les planter le plus tôt possible, car les variétés qui poussent bien par ici sont photosensibles. Elles arrêtent de faire pousser leur feuillage dès que les jours commencent à raccourcir, donc dès après le 21 juin. Or, lorsque le feuillage n'est pas suffisamment développé, l'oignon est mal équipé pour faire grossir son bulbe. Nous avons donc pu récolter des bulbes d'une grosseur plus respectable. Une première !

Plusieurs légumes ont donné une très bonne performance. Nous avons eu une récolte raisonnable de choux-raves (plutôt petits, quand même), de betteraves, de rutabagas et betteraves fourragères. J'ai planté ces dernières pour les donner à manger aux chevaux de ma soeur, cet hiver. Nous aurions pu en manger nous-mêmes : il faut les récolter lorsqu'elles sont jeunes et encore suffisamment tendres. Leurs feuilles aussi sont comestibles. Mais nous n'avons même pas pris le temps d'y goûter. Nous avons eu des carottes en quantité et de bonne taille. Les carottes que nous avons transplantées (un pari lancé par ma soeur aux plants arrachés pour éclaircir les rangs) ont même très bien repris, mais elles étaient difformes et certaines étaient aussi grosses et rondes qu'une pomme ! Délicieuses, tout de même.



 Les haricots nains et grimpants ont produit abondamment, ainsi que les pois et les radis. Les laitues romaines nous auront duré jusqu'à la fin août ! 
Une de nos nombreuses plates-bandes faites de ballots de paille d'avoine. Pour satisfaire la curiosité d'Hélène, la clôture couchée en arrière-plan avait pour but de faire obstacle aux chiens qui prenaient un raccourci à travers la plate-bande en pleine terre (qu'on ne voit pas vraiment bien sur cette photo) plutôt que de la contourner.

Haricots nains, courges hybrides, betteraves fourragères poussent sur des plates-bandes de paille. À l'arrière plan, un grillage adossé contre un tronc d'arbre sert de support à des pois mange-tout. À leur pied, de la laitue romaine d'un beau vert pâle.


Les brocolis sont cachés sous leur couverture flottante,
à gauche sur la photo, pour les protéger des insectes.
Les tournesols ont produit abondamment, ce qui nous a
permis d'offrir des graines en collation à nos poulets
pendant tout l'automne. 
Les brocolis, semés en surabondance par erreur, ont été transplantés et ont produit des têtes de taille respectable et une multitude de têtes plus petites en trois récoltes supplémentaires! J'ai appris que dans les climats doux, un plant de brocoli peut produire pendant au moins deux ou trois ans. Donc, si je les avais laissés en terre au lieu de les arracher vers la fin octobre, nous aurions peut-être obtenu encore quelques petites têtes. Mais j'ai préféré récolter les plus belles feuilles et donner les autres aux chevaux.

Les quatre plants de patates douces nous ont donné une récolte de 10 lbs ( près de 5 kg), soit le double de ce que j'ai récolté à la maison, à partir du même nombre de plants. Il est vrai qu'ils avaient plus d'espace à la ferme, mais le climat y est plus frais qu'à la maison. Dans les deux jardins, je considère quand même avoir remporté un franc succès, considérant que ce légume est extrêmement sensible aux températures fraîches.
 Nous avons récolté 68 courges (citrouille, Butternut, Buttercup et un délicieux hybride de spaghetti et de Buttercup, provenant de mon amie, Aya). Seule la Kumi n'a pas bien performé (un seul fruit). 

Nouveautés au jardin : j'ai réussi à faire pousser avec succès des plants d'amaranthe et de souchet comestible (Cyperus Esculentus), de la mauve verticillée (Malva Verticillata), bonne pour ses feuilles, ainsi que des Bunias d'Orient (Bunias Orientalis), une sorte de moutarde sauvage et vivace que je ne goûterai que l'an prochain.

Conclusion:
Jusqu'à maintenant, nous vous avons présenté un jardin situé dans un village, un autre en banlieue et, brièvement, un minuscule jardin de locataire, situé derrière un immeuble à logement. 

Bien sûr, le "jardin" que nous vous présentons ici est différent par bien des aspects : sa grandeur, son climat plus frais et plus venteux, la proximité de la forêt, la présence d'animaux domestiques et sauvages, tout cela change la donne. Je crois qu'il sera très intéressant de vous le faire découvrir peu à peu. J'ai bien l'intention d'expérimenter une foule de plantes, de techniques et d'approches dans ce magnifique espace et, au fil de l'évolution de ce blogue, nous vous tiendrons au courant !

Voici Petit Coeur (notre jeune coq roux, par terre en avant-plan) et trois de ses poulettes, en septembre. Ils sont tous nés le 10 juin 2015. Pour un deuxième été de suite, nous avons élevé des poulets à chair que nous avons envoyés à l'abattoir peu avant que cette photo soit prise. Nous n'avions pas l'intention de garder un seul de ces poulets pour l'hiver, le poulailler n'ayant pas encore été aménagé pour bien les protéger du froid et des intempéries. Mais Petit Coeur s'est vite fait remarquer par son empressement à nous suivre partout, à quêter des caresses et à observer de très près les travaux d'aménagement de la basse-cour. C'est ce qui l'a sauvé. Par-dessus le marché, parmi les poussins qui nous ont été vendus en tant que mâles, nous avons découvert cinq poulettes (le sexe des poussins fraîchement éclos est difficile à déterminer et se fait en examinant certaines plumes des ailes). Trois d'entre elles (les rousses) ont commencé à pondre à la mi-décembre.






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