dimanche 21 avril 2013

Le troisième jardin


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Hélène et Louise : Nous n'avions pas oublié le nom de notre blogue, mais les péripéties de la vie (dont un changement de la propriétaire du jardin) on retardé l'entrée en jeu de ce superbe petit jardin, un potager fait pour un appartement au rez-de-chaussée qui fait face au plein sud.

Il fut rapidement établi que le jardin devrait être protégé du piétinement au moyen de bacs assez hauts, car il est à la portée de tous les voisins et visiteurs et Geneviève, la nouvelle propriétaire du jardin, a un gros chien qui peut être très gauche. Sans compter que le sol lui-même est pauvre, mélangé de gravier et avait passé plusieurs années dans l'ombre quasi totale sous un patio en bois immense. Et puis, au prochain déménagement, le jardin pourra suivre sa propriétaire. Pour ces raisons, le choix des bacs était facile à faire. Mais bien sûr, les travaux sont plus coûteux en temps et en argent que lorsqu'on se contente de dégager le sol pour y planter directement nos graines. En voici l'évolution en quelques photos.
Cet appartement avait un immense patio, très abîmé. Après l'avoir enlevé, on a récupéré, entre autres, les sections de la balustrade (pour en faire des supports pour certaines plantes grimpantes ou à tuteurer). Les bacs de culture sont faits de planches de cèdre neuves. Le plus grand mesure 4x4 pieds (on le voit ici, au milieu de la photo). Un autre élément de récupération : des dalles de ciment entières ou cassées en morceaux serviront à faire une petite terrasse ainsi que des pas japonnais pour circuler autour des bacs. Une partie des dalles complètes serviront aussi de plancher à certains bacs. Ces derniers, faits de planches de cèdre blanc, n'ont pas de fond.
Le bac central est maintenant en position sur les dalles. Les bacs contre le mur de briques mesurent 4x2 pieds. Celui sous la fenêtre est la partie inférieure d'un appareil de gymnastique et en avant-plan, à droite, on voit l'autre partie de l'appareil. Ces deux éléments ont finalement été remplacés par deux autres bacs en cèdre, surtout parce qu'il était trop difficile de les tapisser d'un morceau de toile de piscine récupérée. En effet, tous les bacs ont été tapissés ainsi jusqu'à mi-hauteur. Puis, ils ont été remplis de gravier, lui aussi récupéré. Un tuyau de PVC blanc est installé à la verticale dans un coin de chaque bac et permet un arrosage facile jusqu'au fond. Le gravier emprisonné dans la toile peut ainsi retenir plusieurs litres d'eau et donc, forme un réservoir. Par-dessus le gravier, s'ajoute une épaisse couche de feuilles mortes, pour un peu éviter que la terre remplisse les interstices entre les graviers. Enfin, on termine avec de la bonne terre, du compost et du fumier de mouton. Ce mélange est ajouté jusqu'à 10 cm environ du bord du bac.




Bien que la cour soit de petite taille (9-10 pieds par 28 pieds), elle peut malgré tout accommoder une belle superficie pour jardiner. Il y a en tout 3 bacs moyens contre le mur, un gros bac au centre de la cour, 2 bacs avec couvercle qui font office de bancs, mais aussi d'entreposage pour les outils de jardin, et deux plus petits bacs de 3x2 pieds qui supportent une arche faite des balustrades de l'ancien patio.Ce dernier élément est placé à l'entrée du jardin et encadre un petit trottoir qui mène directement à la porte coulissante de l'appartement. Quelques plantes, 3 arbustes et un arbre fruitier ont aussi été plantés.



La photo de droite montre bien le tuyau blanc qui sert de "cheminée" jusqu'au fond du bac : un coup d'oeil dans cette cheminée et on peut voir combien il reste d'eau et si l'arrosage est nécessaire. Autre avantage, le terreau n'est pas tassé par les arrosages répétés et les racines ne sont donc pas dérangées. Les pas japonnais sont aussi bien visibles dans cette photo.

La mise en place de ce jardin a bien sûr pris un peu plus de temps que prévu et donc les plants de tomates, aubergines et choux, qui ont été démarrés à l'intérieur, étaient déjà de bonne taille, pour s'assurer qu'il y aurait quelque chose à récolter! La plupart des autres légumes ont été semés sur place.
Trois camérisiers (Lonicera Caerulea, des arbustes atteignant au plus 6 pieds - 180 cm - et pouvant être taillés, donnent des baies bleues comestibles à la mi-juin, avant les fraises) et un cerisier nain ont été plantés en contour du jardin. À maturité, ils feront peu d'ombrage aux autres plantes.


Les délicates fleurs d'aubergine.
Une fois bien installé, ce jardin a produit une quantité surprenante de nourriture! Sur la photo ci-haut (photo prise vers août, la saison étant déjà bien avancée), de gauche à droite, on remarque de la capucine (feuilles rondes) près d'une vigne de concombre; dans les deux bacs du fond, nous avons les tomates qui atteignent déjà une taille respectable. Dans le bac du centre, des haricots nains variété Soleil (jaunes), l'énorme plante à larges feuilles bleutées est un chou-fleur (dont les feuilles sont comestibles, d'ailleurs), et les quelques feuilles pourpres cachées derrière sont les feuilles d'un plant d'aubergine. Il y a aussi caché là-dedans quelques plants de poivron et d'autres plants d'aubergine, une variété à feuilles vertes dont on voit les fleurs sur la photo de droite.


Plant de tomates en compagnonnage avec des tagètes, réputées
pour repousser certaines pestes comme certains nématodes, car la
racine de la tagète émet dans le sol une substance sulfurique appelée thiophène. 
Par contre, notez que les tomates ne sont pas nommées comme étant
des victimes de ces nématodes et qu'en plus, pour être efficace, selon certaines
sources, il ne s'agit pas que de planter des tagètes, mais de faire une rotation
 de plants, donc de n'installer que de la tagète la première année, suivie de la plante
susceptible aux nématodes l'année suivante. Eh oui, le compagnonnage est une technique parfois complexe. Personnellement, bien que nous apprécions les avantages des rotations dans le jardin, nous ne sommes pas pour les monocultures.

Les plants de tomates ont été attachés au treillis à mesure
qu'ils ont grandi. Ils ont poussé à une vitesse fulgurante,
tout comme le jardin dans son ensemble.
Ce succès est dû principalement à deux ou trois choses :
D'abord, il n'y a pas eu de compromis sur la qualité du terreau
et de la matière organique. Ensuite, la réserve d'eau au fond des
bacs a permis de garder un taux d'humidité acceptable et constant.
Enfin, le jardin bénéficie d'un microclimat exceptionnel,
favorisant la production et le développement des plantes à fruits
comme les tomates qui étaient bien à leur aise contre la brique chaude
 du mur. Par contre, c'est intenable pour les légumes
nécessitant plus de fraîcheur. Résultat, aucune laitue n'a survécu.
En début de saison, voici le bac qui contenait le concombre, en compagnonnage avec des tagètes et des capucines, toutes deux réputées pour repousser certaines pestes du jardin. Les feuilles, fleurs et graines de la capucine se mangent et la plante elle-même peut être utilisée comme plante sacrifice contre les pucerons puisqu'elle est une favorite de ces derniers. L'idée d'avoir une plante sacrifice, c'est d'épargner d'autres plantes à la valeur plus grande, puisque les pucerons se concentreront presque uniquement sur la plante-sacrifice. Mais cette année, les capucines n'ont pas eu à se sacrifier. Elles sont restées en parfaite santé. Le tuyau de PVC blanc pour l'arrosage est bien visible ici.
Pour avoir des concombres heureux, une terre riche en matière
organique est primordiale : ici, on voit bien le fruit des efforts
qui avaient été consentis pour préparer un bon mélange de terreau bio.
Les concombres ont bien escaladé le treillis, 
un peu aidés par la jardinière, tout comme les tomates. 
Eux aussi profitaient de la chaleur que dégageait
le mur de brique pendant la nuit, un effet qui se nomme
masse thermique, où un objet accumule la chaleur durant les heures d'ensoleillement
et la relâche lentement quand la température ambiante baisse.
Pour les plantes potagères, cela veut dire une température plus
stable de jour comme de nuit, un plus.

Le coin sous le balcon du deuxième étant plus ombragé, certaines plantes qui tolèrent un peu d'ombre ont été installées. La rhubarbe et les fraises en sont à leur première année, mais ce petit bout de terrain se garnira rapidement. Puisqu'il s'agit aussi d'un point du terrain moins passant et près de la porte patio du logement, un bac n'a pas été installé pour les accueillir, la plantation en pleine terre étant suffisante. Si vous avez des animaux qui ont par contre tendance à manger les plantes, une note de prudence s'impose : les feuilles de la rhubarbe sont extrêmement toxiques. Heureusement, le toutou de la propriétaire du jardin ne s'y intéresse nullement.




L'arche accueille autour d'elle plusieurs fleurs comme des bégonias, de l'échinacée, des black-eyed susan (rudbeckies), du liatris et des tagètes. Cette arche est, bien sûr, l'endroit idéal pour semer des haricots grimpants. Ici, deux variétés : des  Blue Lake (gousses vertes) et des Trionfo Violet (gousses pourpres) qui s'accrochent d'eux-mêmes au treillis.
Une des nombreuses récoltes de concombres et
haricots nains "Soleil".
Un arc-en-ciel de tomates et des haricots
Blue Lake et Trionfo Violet. 
Cette dernière variété est plus facile à récolter
que la première, à cause de la couleur
contrastante de ses gousses.
Ceci représente un avantage.

Ce jardin réunissait plusieurs défis d'envergure, du chien pataud à l'espace restreint; il a donc fallu faire preuve de créativité. Mais comme ce petit jardin en atteste, il est possible de faire des récoltes superbes et abondantes, malgré les obstacles. Sans compter qu'il s'agissait du premier jardin de Geneviève, sa propriétaire! Ce petit coin de paradis lui a donné des récoltes si abondantes qu'elle a pu en partager une bonne partie avec les voisins, en plus de se faire des réserves pour le congélateur. Et s'il y a bien un côté positif au jardinage, c'est cet aspect communautaire, car il rapproche tout naturellement les gens et nous permet de faire de belles rencontres avec nos voisins et amis.

1 commentaire:

  1. Nous apprécions tout le travail extraordinaire qu evous avez fait dans votre jardin !
    Un grand bravo !

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