mardi 17 octobre 2023

La vie


 Hélène:

Parlons de statisme et de laideur. Nous achetons des plantes d'intérieur avec l'esprit d'un acheteur de biblot: nous prenons rarement en ligne de compte que la plante que nous achetons changera et grandira, qu'elle a des besoins (changeants) qui feront en soit que, si nous n'y sommes pas vigilants, causera à cette plante une détresse qui pourra affecter son apparence. 

Et souvent, notre patience est limitée: si la-dite plante n'est pas sur son 36, il nous arrive de simplement l'envoyer à la poubelle jusqu'à ce qu'une prochaine en magasin attire notre oeil par sa perfection.

 Alors voilà quelques années déjà que j'ai un superbe Bégonia Rex variété Escargot (photo ci-haut avec une figurine de Grimace la Limace). Les étés, je la met sur le balcon, hors soleil direct. Mais cette année, je n'ai pas été particulièrement aimable avec cette plante. Bien que je l'ai acclimaté à l'extérieur graduellement au début du moi de mai, je l'ai mise au soleil: ses feuilles ont brûlées. Et puis ce qu'il restait de feuille est partie dans un gel de nuit pour lequel je ne m'étais pas inquiété ("bah, ce gel ne sera sûrement pas si pire, elle sera bien correcte"). Je peux vous dire que le lendemain matin, elle n'était pas correcte.

Je me retrouve donc avec ce trognon étrange et je me dis "ben voilà, je l'ai tuée". Ma paresse qui a causé l'événement persiste: Plutôt que de m'en défaire, je garde le tout sur le balcon, sait-on jamais. Pendant deux mois, j'ai donc cette laideur qui me rappelle mon erreur. 
 
Et finalement, il y a quelques jours, je remarque la première petite feuille de résurrection. Puis une deuxième.
 
Il y a aussi quelques mauvaises herbes qui poussent dont une bien au creux des branchages que je croyais mort.

 

 Le bégonia ne retrouvera pas toute sa parure demain, mais elle est la preuve que parfois, avec un peu de patience (et d'eau), une plante peut revenir de nos erreurs que nous aurions crus fatales.
 
C'est là que ça me frappe: cette histoire m'est arrivé très souvent! Voici quelques-uns de mes autres rescapés:
Les 4 plants ici ont failli tous y passer: le plant de tomate était parti en semis, mais par souci d'économie, j'ai essayé de le planter dans de très vieilles pastilles de terre en filet. C'est le seul qui a survécu, je n'en reviens toujours pas. Le basilic, vous voyez plusieurs tiges mortes dans la gauche du pot. Il a fière allure maintenant mais entre une transplantation difficile (lire ici: c'est ça qui a failli le tuer) et moi qui l'est mis dehors juste avant un des déluges de juin (le pot n'a pas de trou, alors il a été dans une boue pendant plusieurs jours), je suis étonnée qu'il soit encore vivant. Le persil était plein nord et commence seulement maintenant à retrouver une certaine teinte verte (il était jaune) depuis que je l'ai déplacé et finalement le coléus était sur une petite table de laquelle il a dû tomber 3 fois vu la légèreté du pot et des grands vents.

 
Il s'agit de la première fois que j'ai un plant de Calathea et l'apprentissage fut pénible. Plutôt que de tester la terre du bout des doigts pour sentir les besoins en eau, je l'arrosais systématiquement (trop) une fois par semaine. Parfois il manquait d'eau aussi et ses feuilles se roulaient. Tout pour dire qu'à un moment, toutes les feuilles ont commencées à brunir. En faisant un arrosage plus songé (c'est-à-dire quand il en a de besoin), j'ai réussi à lui repartir des feuilles neuves, mais pendant un mois ou deux, il n'était pas très beau à voir. Mais semblerait que j'ai trouvé le tour avec celui-ci: regardez! Il y a deux nouvelles feuilles qui sont en train de pousser (les tubes violacés à l'extérieur, vert tendre à l'intérieur).


 
Un autre Calathea, mais une variété différente. Celui-là, je ne lui ai jamais mené la vie dure, on s'est toujours bien entendu. Mais même la plus belle plante aura à l'occasion la feuille jaune et ça ne m'ennuie pas tant: c'est le processus de tout être vivant, être changeante.


J'ai un plant d'orchidées. À un moment, elle n'a pas fleurit pendant deux ans. Je connais plusieurs personnes qui m'ont dit exaspérées: "J'ai essayé les orchidées, mais ça ne fleurit pas! Alors je l'ai jeté!". Oui, les orchidées peuvent parfois prendre du temps épouvantable avant une floraison, mais ne pas être en floraison ne devrait pas égaler à aller par le chemin des poubelles... Ça prend de l'énergie faire des fleurs après tout!
 
Petit truc comme ça pour les orchidées, cette belle plante m'a été donné avec une tige de fleurs artificielles que vous voyez sur la photo. Autrement, elle me fait des fleurs quand ça lui tente.
 
 
 Conclusion:
Le but ultime de ce billet était d'abord de mettre en lumière nos échecs. J'en ai eu pleins et j'en aurai encore sûrement des tas, par méconnaissance de la plante ou par paresse. Deuxièmement, c'était de rappeler qu'une plante n'est pas un objet statique au même titre qu'un biblot et que parfois même, elle ne sera peut-être pas si belle que ça. Mais même quand on croit que tout est perdu, si on leur donne la chance, les plantes peuvent nous impressionner! 
Elle a fière allure maintenant, en octobre!

 

jeudi 11 mai 2023

La fin de la saison et la tarte aux raisins




 Hélène:

NOTE: Cet article a été fait en automne 2022, mais il a pris jusqu'à mai 2023 avant d'être publié.

 La pandémie, les événements du monde et les aléas de nos vies respectives ont affectés dûrement notre capacité (et intérêt) à publier. La dernière publication remonte à Juin 2020... Mais de proche ou de loin, nos jardins ont continués à nous régaler même si nous n'en avons pas fait la nouvelle sur le site.

Gruau crémeux aux pêches du jardin

Après 10 ans de merveilleuses pêches, le pêcher a malheureusement dû être abattu cette année car il était malade depuis plusieurs années : une forme de chancre a finalement gagné tout l'arbre, malgré des arrosages contre ce champignon. J'en garderai un épatant souvenir et tenterai sûrement d'en faire repousser dans un avenir prochain.

Il y a un succès dont je n'avais pas encore pleinement abordé le sujet. Il s'agit d'une vigne de raisin Concord, qui pousse depuis - Oh - au moins 12 ans sur ce terrain. Elle longe le grand balcon et a une vigueur étonnante et terrifiante. En effet, à chaque année elle tente de se frayer un chemin dans le cerisier et je dois la ramener à l'ordre plusieurs fois par année à coups de secateur.

Chat dans la vigne au printemps 2021, on voit bien contre le poil de minou une petite grappe qui s'apprête à déployer ses fleurs

En terme de récolte, elle n'est pas mal non plus. Elle me fournit assez de fruits pour faire l'équivalent d'environ deux tartes moyennes ou une très, très grosse tarte. Le résultat est frantastique et en fait probablement notre tarte préférée, ici.

 

Les raisins Concord ont la particularité d'avoir une pulpe résistante. Les pépins (qui sont énormes) sont donc assez difficiles à enlever et pour ceux qui les mange comme cela, il est moins compliqué de simplement croquer le tout, pépins inclut. Bref, ce n'est pas mon fruit préféré à manger cru, mais en confiture, gelée ou jus, il devient incomparable! La préparation est complexe, mais tant qu'à moi, elle le vaut amplement! 

Chaque fruit doit d'abord être retiré de la grappe, puis pressé pour sortir la "bille" de pulpe de sa peau.

La photo de gauche démontre l'opération. Le bol de métal de gauche contient les peaux, la casserole de droite, les "billes" de pulpe et pépins et le plat en plastique noir, les raisins entiers.

En cuisant ces "billes" pendant quelques instants, il est ensuite facile de tamiser et ainsi y enlever les pépins. On réassemble la pulpe avec les peaux et hop! On est prêt à faire cuire avec du sucre. Ma recette préférée me vient de ce superbe site. Vous y trouverez également d'autres fabuleuses recettes à base de raisins Concord.

Cette année, j'ai été choyée: ma vigne m'a vraiment fournie une quantité incroyable de raisins.

 

Les raisins sont également le dernier fruit provenant d'une vivace qu'il m'est possible de récolter sur mon terrain. C'est donc la dernière grande récolte du jardin. Ce qu'il reste à récolter provient des annuelles qui ont généralement fournies toute la saison : des herbes comme le basilic, des légumes comme les tomates cerises ou les derniers concombres. À partir de là, petit à petit, l'automne s'installera et il faudra une nouvelle fois fermer le jardin en rêvant à la prochaine tarte aux raisins!