mardi 17 octobre 2023

La vie


 Hélène:

Parlons de statisme et de laideur. Nous achetons des plantes d'intérieur avec l'esprit d'un acheteur de biblot: nous prenons rarement en ligne de compte que la plante que nous achetons changera et grandira, qu'elle a des besoins (changeants) qui feront en soit que, si nous n'y sommes pas vigilants, causera à cette plante une détresse qui pourra affecter son apparence. 

Et souvent, notre patience est limitée: si la-dite plante n'est pas sur son 36, il nous arrive de simplement l'envoyer à la poubelle jusqu'à ce qu'une prochaine en magasin attire notre oeil par sa perfection.

 Alors voilà quelques années déjà que j'ai un superbe Bégonia Rex variété Escargot (photo ci-haut avec une figurine de Grimace la Limace). Les étés, je la met sur le balcon, hors soleil direct. Mais cette année, je n'ai pas été particulièrement aimable avec cette plante. Bien que je l'ai acclimaté à l'extérieur graduellement au début du moi de mai, je l'ai mise au soleil: ses feuilles ont brûlées. Et puis ce qu'il restait de feuille est partie dans un gel de nuit pour lequel je ne m'étais pas inquiété ("bah, ce gel ne sera sûrement pas si pire, elle sera bien correcte"). Je peux vous dire que le lendemain matin, elle n'était pas correcte.

Je me retrouve donc avec ce trognon étrange et je me dis "ben voilà, je l'ai tuée". Ma paresse qui a causé l'événement persiste: Plutôt que de m'en défaire, je garde le tout sur le balcon, sait-on jamais. Pendant deux mois, j'ai donc cette laideur qui me rappelle mon erreur. 
 
Et finalement, il y a quelques jours, je remarque la première petite feuille de résurrection. Puis une deuxième.
 
Il y a aussi quelques mauvaises herbes qui poussent dont une bien au creux des branchages que je croyais mort.

 

 Le bégonia ne retrouvera pas toute sa parure demain, mais elle est la preuve que parfois, avec un peu de patience (et d'eau), une plante peut revenir de nos erreurs que nous aurions crus fatales.
 
C'est là que ça me frappe: cette histoire m'est arrivé très souvent! Voici quelques-uns de mes autres rescapés:
Les 4 plants ici ont failli tous y passer: le plant de tomate était parti en semis, mais par souci d'économie, j'ai essayé de le planter dans de très vieilles pastilles de terre en filet. C'est le seul qui a survécu, je n'en reviens toujours pas. Le basilic, vous voyez plusieurs tiges mortes dans la gauche du pot. Il a fière allure maintenant mais entre une transplantation difficile (lire ici: c'est ça qui a failli le tuer) et moi qui l'est mis dehors juste avant un des déluges de juin (le pot n'a pas de trou, alors il a été dans une boue pendant plusieurs jours), je suis étonnée qu'il soit encore vivant. Le persil était plein nord et commence seulement maintenant à retrouver une certaine teinte verte (il était jaune) depuis que je l'ai déplacé et finalement le coléus était sur une petite table de laquelle il a dû tomber 3 fois vu la légèreté du pot et des grands vents.

 
Il s'agit de la première fois que j'ai un plant de Calathea et l'apprentissage fut pénible. Plutôt que de tester la terre du bout des doigts pour sentir les besoins en eau, je l'arrosais systématiquement (trop) une fois par semaine. Parfois il manquait d'eau aussi et ses feuilles se roulaient. Tout pour dire qu'à un moment, toutes les feuilles ont commencées à brunir. En faisant un arrosage plus songé (c'est-à-dire quand il en a de besoin), j'ai réussi à lui repartir des feuilles neuves, mais pendant un mois ou deux, il n'était pas très beau à voir. Mais semblerait que j'ai trouvé le tour avec celui-ci: regardez! Il y a deux nouvelles feuilles qui sont en train de pousser (les tubes violacés à l'extérieur, vert tendre à l'intérieur).


 
Un autre Calathea, mais une variété différente. Celui-là, je ne lui ai jamais mené la vie dure, on s'est toujours bien entendu. Mais même la plus belle plante aura à l'occasion la feuille jaune et ça ne m'ennuie pas tant: c'est le processus de tout être vivant, être changeante.


J'ai un plant d'orchidées. À un moment, elle n'a pas fleurit pendant deux ans. Je connais plusieurs personnes qui m'ont dit exaspérées: "J'ai essayé les orchidées, mais ça ne fleurit pas! Alors je l'ai jeté!". Oui, les orchidées peuvent parfois prendre du temps épouvantable avant une floraison, mais ne pas être en floraison ne devrait pas égaler à aller par le chemin des poubelles... Ça prend de l'énergie faire des fleurs après tout!
 
Petit truc comme ça pour les orchidées, cette belle plante m'a été donné avec une tige de fleurs artificielles que vous voyez sur la photo. Autrement, elle me fait des fleurs quand ça lui tente.
 
 
 Conclusion:
Le but ultime de ce billet était d'abord de mettre en lumière nos échecs. J'en ai eu pleins et j'en aurai encore sûrement des tas, par méconnaissance de la plante ou par paresse. Deuxièmement, c'était de rappeler qu'une plante n'est pas un objet statique au même titre qu'un biblot et que parfois même, elle ne sera peut-être pas si belle que ça. Mais même quand on croit que tout est perdu, si on leur donne la chance, les plantes peuvent nous impressionner! 
Elle a fière allure maintenant, en octobre!

 

jeudi 11 mai 2023

La fin de la saison et la tarte aux raisins




 Hélène:

NOTE: Cet article a été fait en automne 2022, mais il a pris jusqu'à mai 2023 avant d'être publié.

 La pandémie, les événements du monde et les aléas de nos vies respectives ont affectés dûrement notre capacité (et intérêt) à publier. La dernière publication remonte à Juin 2020... Mais de proche ou de loin, nos jardins ont continués à nous régaler même si nous n'en avons pas fait la nouvelle sur le site.

Gruau crémeux aux pêches du jardin

Après 10 ans de merveilleuses pêches, le pêcher a malheureusement dû être abattu cette année car il était malade depuis plusieurs années : une forme de chancre a finalement gagné tout l'arbre, malgré des arrosages contre ce champignon. J'en garderai un épatant souvenir et tenterai sûrement d'en faire repousser dans un avenir prochain.

Il y a un succès dont je n'avais pas encore pleinement abordé le sujet. Il s'agit d'une vigne de raisin Concord, qui pousse depuis - Oh - au moins 12 ans sur ce terrain. Elle longe le grand balcon et a une vigueur étonnante et terrifiante. En effet, à chaque année elle tente de se frayer un chemin dans le cerisier et je dois la ramener à l'ordre plusieurs fois par année à coups de secateur.

Chat dans la vigne au printemps 2021, on voit bien contre le poil de minou une petite grappe qui s'apprête à déployer ses fleurs

En terme de récolte, elle n'est pas mal non plus. Elle me fournit assez de fruits pour faire l'équivalent d'environ deux tartes moyennes ou une très, très grosse tarte. Le résultat est frantastique et en fait probablement notre tarte préférée, ici.

 

Les raisins Concord ont la particularité d'avoir une pulpe résistante. Les pépins (qui sont énormes) sont donc assez difficiles à enlever et pour ceux qui les mange comme cela, il est moins compliqué de simplement croquer le tout, pépins inclut. Bref, ce n'est pas mon fruit préféré à manger cru, mais en confiture, gelée ou jus, il devient incomparable! La préparation est complexe, mais tant qu'à moi, elle le vaut amplement! 

Chaque fruit doit d'abord être retiré de la grappe, puis pressé pour sortir la "bille" de pulpe de sa peau.

La photo de gauche démontre l'opération. Le bol de métal de gauche contient les peaux, la casserole de droite, les "billes" de pulpe et pépins et le plat en plastique noir, les raisins entiers.

En cuisant ces "billes" pendant quelques instants, il est ensuite facile de tamiser et ainsi y enlever les pépins. On réassemble la pulpe avec les peaux et hop! On est prêt à faire cuire avec du sucre. Ma recette préférée me vient de ce superbe site. Vous y trouverez également d'autres fabuleuses recettes à base de raisins Concord.

Cette année, j'ai été choyée: ma vigne m'a vraiment fournie une quantité incroyable de raisins.

 

Les raisins sont également le dernier fruit provenant d'une vivace qu'il m'est possible de récolter sur mon terrain. C'est donc la dernière grande récolte du jardin. Ce qu'il reste à récolter provient des annuelles qui ont généralement fournies toute la saison : des herbes comme le basilic, des légumes comme les tomates cerises ou les derniers concombres. À partir de là, petit à petit, l'automne s'installera et il faudra une nouvelle fois fermer le jardin en rêvant à la prochaine tarte aux raisins!





mercredi 29 juillet 2020

Les fines herbes, les mauvaises herbes

Des bulles et des bulbes (pardonnez-moi, ça fait des années que je veux faire ce jeu de mots!)
Hélène:
D'emblée, je ne suis pas en mesure de faire mon habituel récapitulatif du jardin pour l'année 2019. Tout à été dit dans cet article et je n'ai pas pris plus de photos l'année dernière, donc pas de matériel pour en faire un article.

Nous sommes au printemps 2020 (bon d'accord. On est en été mais j'avais commencé à écrire cet article au printemps). La pandémie a un effet intéressant, car avec le confinement, il semble que plus de gens qu'à l'habitude décident de faire un jardin. Ma conclusion pas scientifique du tout est tirée du fait que, en essayant de commander de chez Veseys, la page d'accueil m'indiquait au mois de mai que la compagnie cessait de prendre des commandes pour le moment car en plus des mesures sanitaires établies pour le bien-être de leurs employés, il y avait une demande au-delà de la normale. Au moment d'écrire cet article (mi-Juin), la situation semble rétablie. En plus, les quelques pépinières du coin où je suis allée magasiner étaient en rupture de stock sur certaines plantes de potager.

Pas grave, je me suis tournée vers d'autres compagnies que j'affectionne: Heritage Harvest Seed a eu un message semblable à celui de Veseys ; Solana Seeds était submergée (j'arrive à passer une commande sur le site tard le soir et heureusement, je reçois les graines dans un délai tout à fait raisonnable) ; et Richters Herbs a quelques ennuis: plusieurs variétés sont épuisées et même en ayant passé une commande au début mai, celle-ci n'arrivera que le lendemain où j'ai commencé à écrire cet article, soit le 10 juin. Son service à la clientèle est impeccable par contre: on me répondait très rapidement et regardez les belles plantes que j'ai finalement reçues d'eux!
Quelques fines herbes: de la sauge tricolore, deux variétés de romarin (Tuscan Blue et Spice Island), 3 plants de menthe Grapefruit, du thym argenté et du thym Caraway.



Une fois en terre, les fines herbes sont intéressantes pour faire des arrangements avec des roches puisque plusieurs d'entre elles ont besoin d'un sol bien drainé pour grandir. Hors, les roches jouent un rôle parfait pour cela en permettant à l'eau de s'infiltrer plus rapidement!



Mini-moi qui aide du haut de ses 2 ans et demi.
 Mais revenons au début printemps. D'abord, on dira que c'était un drôle de printemps; ici en banlieue de Montréal, on avait de la neige au début mai et une canicule à la fin mai. Et puis plus loin de la banlieue, il y a eu de la neige en juin! En résumé: pas vraiment de printemps.

Hors, ce sont également des temps maigres pour tous ces animaux et insectes qui sortent de l'hiver. Quelle nourriture peuvent-ils se mettre sous la dent?

Les Mauvaises herbes et leurs fleurs entre autres! Je vous invite à lire cet article de Radio-Canada qui plaide  pour l'acceptation du redoutable pissenlit. Personnellement, je lui ai toujours trouvé un air sympathique. Une fleur jaune aux allures de pompon frivole, suivi d'une mousse rigolote qui s'envole au premier souffle. Disons qu'ils me ramènent en enfance, les pissenlits. Et un champ de ceux-ci met beaucoup de vie - en tout cas à mes yeux!
Plus sympa qu'un gazon tout vert.
J'ai également remarqué que le lierre terrestre (ground ivy en anglais, Glechoma hederacea en latin) fait également de belles fleurs violettes appréciées des pollinisateurs. J'en ai beaucoup dans ma cour arrière. Et Louise en fait également un autre usage: toute la plante est appréciée des poulets, poussins comme adultes.
Le buffet est ouvert!
L'oignon décoratif (vu avec les bulles sur la première image du texte) a aussi la cote chez les pollinisateurs comme le témoigne ce bourdon. Bref, une mauvaise herbe n'est pas forcément "mauvaise" au sens propre du mot. Elle joue parfois un rôle très important même si nous, les humains, n'en voyons que les défauts! 

Je ne vous parlerai pas trop de l'aspect comestible de certaines mauvaises herbes: d'abord, j'en ai très peu l'expérience et ensuite, à moins qu'il y ait une famine, je ne trouve pas les pissenlits et choux gras assez bons pour m'infliger d'en manger.

Il y a aussi à dire que souvent, ce sont des plantes que nous considérons envahissantes - puisqu'elles poussent très rapidement, elles remplissent facilement les "trous", souvent au détriment d'une plante qui prend plus de temps à s'établir. Ainsi, en tant que jardinière qui attend plusieurs jours pour voir ses graines de carottes germer, le pissenlit qui pointe le deuxième jour en plein milieu de la plate-bande n'est assurément pas le bienvenu (souvent aussi parce qu'il ne vient pas à l'unité, hein!). Mais voyez ceci, photo à l'appui. J'avais un trou et c'est ça qui a poussé! Une belle plante de violette qui va se ressemer si elle aime l'endroit. Parfois, ce dont on ne s'attendait pas vaut la peine d'être conservé! (Commentaire de Louise : les feuilles sont mucilagineuses, mais se mangent au printemps et en début d'été, en ajout dans une salade variée, une soupe ou un ragoût. Quant aux fleurs : merveilleuses à grignoter pour se rappeler son enfance ou belles comme tout dans une salade.)



lundi 8 juillet 2019

Les succès et les échecs 2018, partie 1


Article similaire de l'année précédente:
Année 2017

Hélène:
Mieux vos tard que jamais! Ça fait plus d'un an que nous n'avons pas publié... Quelle honte! Les criquets se font retentissant dans mon jardin.

La photo ci-haut illustre bien le jardin de l'an dernier laissé à l'abandon,  là où le canapé se fait engloutir par la vigne de raisin (les chats ne semblent pas s'en soucier pour autant). Vous comprendrez sûrement qu'il y a eu de grands bousculements dans ma vie qui m'ont amenés à laisser de côté le jardinage pour la saison 2018. Ressentis aussi lors de l'été 2017 (vous en découvrirez des indices dans le même article de 2017). La grande nouvelle: un nouveau bébé né dans les grands froids du temps des fêtes de 2017 et puis un retour aux études, à l'université, en automne 2018, mais qui avait commencé avant même bébé, en hiver 2017. Ce sont là, vous en conviendrez, deux activités qui prennent une belle part de temps.

Mais délaissons les détails de ces deux chambardements et voyons comment le jardin, lui, a néenmoins fait son bout de chemin, car il n'a pas chômé (même si ce n'était pas toujours les résultats escomptés). Cet article est bel et bien une récapitulation de la saison dernière, soit 2017, juste pour qu'on soit clair.

Comme l'année 2016, les grands succès sont les vivaces. Un jardin d'annuelles laissé à lui-même ne m'a jamais réussi (je parle ici surtout d'annuelles qui demandent une attention de la part du jardinier comme les tomates, les poivrons, etc.). En 2017 j'étais mieux préparée: j'ai misé sur les herbes et j'ai fait un carton. Le basilic, le thym, le persil, la ciboulette, la sauge ont été récolté à l'automne dans des quantités suffisantes pour me durer tout l'hiver. D'ailleurs, j'aime bien revenir à cette simplicité, ces plantes qui sont faciles et qui pardonnent.

Nous nous sommes régalés de fraises et d'amélanches, Louise s'est chargée de la récolte de cassis rouges qui étaient très abondante et il y a eu beaucoup de rhubarbe aussi. D'ailleurs, les deux ensembles, cassis et rhubarbe font une superbe compote pour les intéressés.
 
Basilic qui a servi à faire un excellent pesto.
 Mais il y a eu tant d'échecs! Car je n'avais pas le temps, pas l'énergie. Les tiges de framboisiers quant à elles semblaient vouées à s'assècher dès qu'elles portaient fruits et les pêches étaient sur une année de repos bien méritée. Les tomates et fèves n'ont rapporté que très peu, les patates, je ne les ai jamais déterrées et je n'ai pas cueilli les raisins non plus, je les ai laissé aux oiseaux. Bref, un jardin, ça se maintient et je n'ai rien fait de cela en 2018!

La visite étrange d'un escargot sur ma porte de devant: À noter qu'il a dû monter 3 marches en ciment pour venir se plaquer là, c'est plus d'énergie que je n'ai eu au cours de tout l'été!
Et maintenant?

Quel est le résultat? Nous sommes au mois de Juillet 2019. Voici ce qui ressort du laissez faire de l'an passé:
 

 Un élément inquiétant est le pêchier. Une photo vaut mille mots et celle-ci montre un arbre qui n'a presque plus de feuilles sauf aux extrémités.

Après être allé à mon centre jardinier préféré avec 3 branches mortes, on m'a dit que c'était la brûlure, une maladie fongique. On m'a pointé un antifongique à base de cuivre à appliquer au vaporisateur. C'est la première fois que j'applique un tel produit: moi et Louise avons toujours tenté de ne pas utiliser ce genre de produit, mais il est d'évidence que si j'attend encore, je perdrai probablement l'arbre. Même si son état est donc très avancé, peut-être même trop, je vais faire le test et reparlerai de mon expérience dans un article prochain.

Chose étonante, malgré son état, il fait encore des pêches! (photo à l'appui plus bas).


Le jardin est également envahi par de la fraise. Ma plate-bande principale est en train de se faire ensevelir - même le hosta géant n'a pu former une barrière adéquate - mais disons qu'en ce début Juillet, alors que les fraises fraîches québécoises se font encore attendre dans les magasins, je ne me plaindrai pas trop: depuis une semaine nous avons le bonheur d'avoir de délicieuses fraises à tous les jours!
Plate-bande qui ne contient quasiment que de la fraise: le hosta a droite et l'hémérocalle à gauche peinent à retenir l'envahisseur!

Une des récoltes. Singulier.
Nous aurons notre première récolte d'amélanche demain et je viens de finir la récolte de tilleul, que je n'avais pas faite depuis 2 ans.
Pour la première fois depuis des années, les patates ne sont pas revenus. Cette plate-bande a donc accueilli les annuelles de l'année: 2 brocolis, une tomate, quelques capucines et tagètes, du basilic et du thym (espérons qu'il survivra puisque c'est le seul qui n'est pas une annuelle dans ma liste techniquement). L'herbe à la droite et au bas, c'est de la ciboulette à l'ail qui est là depuis plusieurs années.

Centre avant: un plant d'ail planté en automne dernier et derrière un nouveau plant acheté ce printemps: un plant de mûres. Ne sachant pas quel sera mon niveau d'énergie et d'implication dans le jardin cette année, j'ai limité l'achat d'annuelle et me tourne vers les vivaces le plus possible.

Alors, où vais-je maintenant? Je ne sais pas ce que je pourrai accomplir cet été, je suis encore bien occupée autrement que par le jardin! Mais je peux au moins commencé ici, au divan, en taillant la vigne et en me réinsérant petit à petit dans mon jardin. Qui sais où cela me mènera en effet?


 

mardi 1 mai 2018

La fonction des talus et baissières et comment l'appliquer aux balles de paille


      La technique des baissières et talus :

L'eau représente une grande force de la
la nature. C'est une source de vie et d'énergie
qu'on peut ralentir, accumuler et rediriger
à mesure qu'elle descend vers le point le plus
bas d'une propriété. On peut alors bénéficier

de cette ressource de multiples façons.


    Un principe essentiel en permaculture est de retenir l'eau le plus longtemps possible sur notre propriété, pour en exploiter tous les bénéfices, de plusieurs manières et, si possible, d'utiliser cette eau plusieurs fois plutôt qu'une. Ceci, bien sûr, dans des endroits où il est logique et avantageux de retenir et/ou ralentir l'eau de pluie. 

     Les baissières (fossés) et talus (buttes) sont des constructions de terrassement qui servent à le faire de manière passive pour tirer meilleur profit de cette précieuse ressource. Elles sont placées perpendiculairement à la pente et redirigent l'eau qui s'écoule pour protéger le terrain de l'érosion ou des inondations soudaines, en gérant en douceur les mouvements de l'eau.  Pour remplir ces fonctions, les baissières et talus doivent suivre les lignes de niveau du terrain. Sur une carte topographique les "lignes de niveau" sont représentées par ces tracés courbes qui nous permettent de visualiser le relief du terrain et d'en noter l'altitude. La baissière a exactement la même altitude (c'est-à-dire la même hauteur par rapport au niveau de la mer) sur toute sa longueur.

      Les duos baissières et talus peuvent se succéder l'un après l'autre en descendant la pente, comme des marches d'escalier distancées de façon inégale, mais au niveau. À l'extrémité de la baissière, l'eau peut se déverser doucement dans la baissière suivante, en passant par une zone de déversement passif. Plus la pente est abrupte ou plus la quantité d'eau à retenir est importante, plus le travail devra être fait avec soin, avec un volume d'emmagasinage de l'eau suffisant pour assurer une construction solide qui ne sera pas détruite avec la première forte pluie et ne provoquera pas un glissement de terrain.

    (Il existe une autre technique, qui se nomme "Key Line" en anglais et que je ne connais pas bien. On en dit qu'elle dérange moins le sol, permet de faire des lignes parallèles et ne redirige pas l'eau; ce lien en anglais vous en explique les grandes lignes et cette vidéo vous en apprendra plus sur ses avantages. Cette autre vidéo présente, en anglais, Geoff Lawton qui explique les différences et usages possibles du système Key Line et de celui des baissières et talus.) 

   Les baissières appliquent des principes de construction similaires aux rizières installées à flanc de montagneMais alors que le riz est planté dans le fossé (car il est heureux même s'il a les pieds dans l'eau), les plantes potagères sont plutôt plantées sur le talus, pour éviter la noyade. Chaque fois que la baissière capture de l'eau de ruissellement, le talus l'absorbe et l'emmagasine, permettant aux plantes de continuer de s'abreuver bien après que la baissière se soit asséchée. Il faut aussi comprendre qu'avec les saisons et les années qui passent et un bon couvert de végétation, la capacité du sol à retenir l'eau augmentera.

      En principe, un talus sert d'espace de plantation idéal, puisque les plantes y sont à l'abri des inondations, mais que leurs racines ont accès à l'humidité retenue par la baissière. Mais dans les endroits plus humides où les baissières recueillent des volumes d'eau importants, tout talus suffisamment large peut aussi servir de sentier pour nous garder les pieds bien au sec, même après de fortes précipitations.

     Quelques exemples de baissières et de leur fonctionnement :

      En utilisant cette technique de terrassement, on peut arriver à diriger l'eau en surplus là où elle peut servir avant de sortir définitivement de la propriété. Dans un premier exemple, on peut voir une rigole alimentée par le tuyau de drainage d'un bâtiment et qui déverse l'eau de pluie dans un petit étang, l'oxygénant par la même occasion. L'étang, une fois rempli, déverse ses surplus d'eau dans une baissière qui irrigue ce qui semble être un jeune verger. En passant, les baissières ont pour effet d'augmenter le taux de croissance des arbres.

      Dans l'exemple suivant, à flanc de colline, une série de baissières recueillent une bonne quantité d'eau de pluie pour abreuver de jeunes végétaux. Les surplus d'eau s'écoulent ensuite dans un pâturage existant. On peut planter des végétaux aux utilités très variées, y compris des arbres et arbustes, par exemple, pour y abriter la faune et la flore indigènes, stabiliser et nourrir le sol et y cultiver des cultures diverses, des fines herbes au bois de chauffage, en passant par les petits fruits et les légumes. 

    L'eau ralentie par ce genre de système a le temps de pénétrer le sol en profondeur. Elle continue paresseusement d'un point du système à l'autre. Au niveau de l'étang le plus bas, le volume d'eau est probablement devenu assez important pour constituer une réserve en  temps de sécheresse. Une fois construit, ce système fonctionne de façon passive, c'est-à-dire sans intervention humaine et sans mécanisation. 

     Mais on pourrait installer dans cet étang une pompe pour faire remonter l'eau vers un point plus élevé de la ferme. Et si le trop-plein de cet étang forme un petit ruisseau dévalant, on peut y installer une petite turbine, ce qui devrait produire au moins assez d'électricité pour faire fonctionner la pompe à eau. Ces quelques milliers de litres d'eau emmagasinés sont une assurance supplémentaire contre un éventuelle sécheresse. Mais déjà, ce système accumule tellement d'eau directement dans le sol que les plantes pourront résister longtemps à l'absence de pluie. 

      Cette technique de la baissière et du talus (qu'on appelle "swale" en anglais) s'applique tout autant aux terrains plats. Celui présenté ici fait 3/4 d'acres et le propriétaire profite de l'eau de ruissellement du toit d'un bâtiment pour remplir ses baissières. Il arrive à accumuler une quantité impressionnante d'eau de cette façon.

     Des portions de désert ont été ramenées à la vie végétale en quelques mois grâce à elle.

     On peut facilement installer quelques micro-baissières dans un petit jardin assoiffé et obtenir de bons résultats en peu de temps et d'efforts. Dans cet exemple, l'eau de pluie recueillie par les gouttières de la maison s'accumulait déjà dans des réservoirs utilisés pour arroser les plantes en pots et en jardinières. Les surplus d'eau se déversent maintenant dans les baissières du jardin et, avec les mois qui ont passé, le sol autrefois aride est désormais capable de retenir assez d'eau pour permettre la culture de plantes.

    Les baissières chez moi :

     Pour revenir à mes propres aménagements, le terrain en façade de notre maison donne l'exemple d'une "baissière" créée par inadvertance. Voir la photo suivante.
Dans notre jardin de façade, à la maison, le trottoir de ciment qui part des marches du
 perron et se rend jusqu'à la rue est plus bas que tout ce qui l'entoure. En fait, pour passer du trottoir public à notre trottoir privé, on doit descendre une marche. Cette surface forme donc un renfoncement de 5 à 8 cm (2 à 3 pouces) parfait pour accumuler l'eau de pluie, qui se retrouve emprisonnée de tous côtés. Le sol de mes plates-bandes l'absorbe rapidement. Aucune inondation, donc. De plus, avec le coup de pouce de l'épais paillis naturel que mes plantes produisent elles-mêmes annuellement, je n'ai pas besoin d'arroser mes vivaces, même par temps de sécheresse.

     Cette photo a été prise quelques mois après avoir acheté la terre à bois en 2013. De l'autre côté de notre chemin d'entrée, par rapport à ma position de photographe, les matériaux de construction et les arbustes nous empêchent de bien voir l'espace dégagé, situé juste derrière, et qui a fait place au potager un an plus tard. Mais on voit quand même très bien à quel point cette portion de la terre est plate et au niveau.

 À la ferme, notre potager est situé sur un plateau presque parfaitement horizontal et surélevé par rapport au terrain environnant. Il reçoit beaucoup de soleil et est quand même assez bien protégé des grands vents grâce à quelques arbustes. Mais malheureusement, cette conformation ne favorise pas l'accumulation de l'eau de ruissellement des pluies.  Serge a travaillé tout un été à creuser profondément le sol pour amener l'eau courante au jardin et aux enclos des animaux. Présentement, notre source principale d'irrigation du jardin est notre puits de surface, situé beaucoup plus bas que le jardin. Pendant une panne d'électricité prolongée, sans pompe à eau donc, le potager serait très rapidement assoiffé et il faudrait alors manuellement puiser l'eau de notre étang et le remonter jusqu'à ce plateau, tâche fastidieuse, on s'entend. En cas de sécheresse prolongée, nous aurions le choix : se procurer une génératrice, souffrir à charrier l'eau ou laisser souffrir le potager ! Je cherche donc à atténuer ce risque. Nous avons quelques réservoirs, dont un de mille litres, mais pas de moyen de collecter l'eau de pluie directement sur le site.

    En juillet et août 2017, nous avons érigé un poulailler d'été aux abords du potager. Nous pourrons utiliser sa toiture pour recueillir l'eau de pluie dans nos réservoirs. J'aimerais bien en faire un de nos projets d'été pour 2018. Mais en 2016, j'ai aussi commencé à ceinturer le potager d'un fossé et d'une butte circulaires pour retenir l'eau de pluie le plus longtemps possible sur place, avant qu'elle ne s'écoule vers des parties plus basses de la propriété.



Au nord du potager, on peut voir que la déclivité du terrain est assez importante, soit environ 120 cm (4 pieds). Les barils que vous voyez sur la photo sont au niveau du potager. Quant à moi, je me tenais en bas de la pente pour prendre cette photo, qui date de 2014.


     La photo ci-dessous vous présente une baissière creusée à même le sol (c'est l'étroite bande de sol derrière le talus recouvert de cartons repliés. Le talus a été érigé avec la terre et la tourbe de gazon qui ont été enlevées pour creuser la baissière. Le carton qu'on voit sur le talus et aussi derrière la baissière est une mesure temporaire pour aider à étouffer la pelouse et les mauvaises herbes déplacées avec la terre). Le fond de la baissière et le dessus du talus sont parfaitement au niveau d'un bout à l'autre.

Les limites Est et Sud de notre potager ne sont pas faites en balles de paille. J'ai donc pu installer une baissière et son talus de façon conventionnelle. On voit facilement que l'ouvrage suit la courbe du pourtour du jardin, bien à l'horizontale. Remarquez les piquets noirs et la longue corde blanche qu'on distingue facilement jusqu'à l'extrémité Sud-Ouest du potager. L'eau de pluie qui tombe dans cette baissière ne peut s'échapper qu'en étant absorbée par la terre de la baissière et du talus. J'ai dévié des règles générales d'utilisation des baissières en installant mes plants de rhubarbe (36) au fond de la baissière plutôt que sur le talus. Je vous en parle plus loin dans cet article.

      Au bout de la baissière, sur la photo ci-haut à droite, on devine un petit "barrage", un déversoir de terre tassée (en brun foncé, car pas encore recouvert de carton), moins haut que le talus. Ma chatte se dirige droit dessus. Ce "barrage" empêche l'eau de pluie de s'écouler par ce bout de la baissière. Mais puisqu'il est beaucoup moins élevé que le talus, si un trop-plein se forme, l'eau pourra s'échapper par là, protégeant ainsi de l'érosion le talus lui-même. Jusqu'à présent, cela ne s'est jamais encore produit. Je n'ai pas non plus observé d'eau s'accumuler dans la baissière. Cela va probablement se produire un jour, mais pour le moment, la terre environnante est trop assoiffée et prendra certainement beaucoup de temps à se recharger en humidité.
        On peut remarquer les plates-bandes faites de balles de paille à moitié affaissées, un peu plus loin derrière la baissière. Certaines d'entre elles entamaient leur 3e été de service en 2017. Elles sont placées plus haut sur le terrain. Malheureusement, en s'étendant vers la droite, elles descendent une autre pente, qui devient de plus en plus raide. Il me faudra ériger un autre talus de ce côté. Mais j'aurais pu tout de suite placer mes balles de paille au niveau pour qu'elles forment elles-même un talus. Le hic, c'est que je ne savais pas comment m'y prendre. J'ai finalement trouvé le truc. Je vous en reparle plus bas, comme promis. Mais continuons avec notre sujet.

    En principe, comme le fond d'une baissière est sensé se remplir régulièrement d'une bonne quantité d'eau, ce n'est généralement pas considéré comme un endroit intéressant pour planter des végétaux. Après tout, la majorité des plantes ne supportent pas très bien de subir des inondations fréquentes, même lorsqu'elles sont de courte durée. Les baissières peuvent alors servir de sentiers d'accès quand elles sont à sec. Mais les plantes de milieux humides peuvent bénéficier d'inondations occasionnelles. Pensez à toutes les vivaces sauvages qui poussent au fond des fossés.

     Dans un endroit très sec ou dans un endroit qui ne peut pas accumuler de grandes quantités d'eau (comme le haut d'une petite butte à découvert), le danger le plus probable est plutôt de perdre des plantes par sécheresse. Comme je vous l'ai expliqué plus haut, c'est le cas de mon potager. J'ai donc préféré planter mes rhubarbes dans le creux de la baissière plutôt que sur le talus, pour qu'elles profitent au maximum des eaux de pluie. Jusqu'à maintenant, ceci fonctionne à merveille, car je n'ai jamais vu assez d'eau tomber pour emplir la baissière et submerger la base des plants. Sur le talus lui-même, j'ai l'intention de faire divers essais. Je veux commencer par y implanter de l'origan, car cette fine herbe est réputée envahissante. Mais je fais le pari que mes plants de rhubarbe vont lui faire obstacle. On verra ce que ça donne ! (Commentaire d'Hélène : "Bah, c'est pas si pire ! C'est quand même pas de la menthe ou de la baume mélisse !" Merci, Hélène, tu me rassures.)

      Il existe différents outils pour situer les lignes de contour d'un terrain. Cette vidéo vous présente, entre autres, la technique du cadre en A (c'est ce que j'ai moi-même utilisé; on peut voir le mien sur la dernière photo de cet article). Il est facile à construire pour un coût très bas et tout aussi facile à utiliser. Bien sûr, les niveaux au laser sont faits exactement  pour ce genre de travail. Mais ce sont des instruments d'arpentage qui coûtent cher. J'ai entendu dire qu'il est possible d'en louer, par contre.

     Comment construire tout en courbes avec des balles rectangulaires ?

      Les balles de paille en décomposition sont naturellement absorbantes et reposent sur le sol. Donc, elles peuvent faire office de talus. Entre chaque rangée de balles de paille, les allées de circulation, elles, peuvent faire office de baissières (de "fossés"). Je n'ai donc pas besoin de creuser le sol, ou sinon, vraiment très peu. La difficulté, dans mon cas, c'est que le seul moyen de créer une baissière sans refaire entièrement le terrassement d'un site, c'est de suivre les lignes de contour naturelles du terrain. Or, ces lignes sont rarement droites, elles sont plus ou moins sinueuses selon la topographie de l'emplacement choisi, comme vous pouvez le voir dans cette vidéo présentant un parfait exemple de baissière
     J'ai décidé de refaire peu à peu le dessin du potager pour m'assurer que mes plates-bandes suivraient le contour du terrain, au moins pour les parties les plus escarpées du potager. Au printemps 2016, je me suis donc attaquée à mes 2 plates-bandes de balles de paille les plus basses du jardin, avec l'idée de graduellement remodeler les plates-bandes une par une, année après année. Le travail sera long, mais je ne suis pas pressée.

      La prochaine photo vous montre ma baissière située dans l'emplacement le plus bas du potager, avec son talus de balles de pailles. Ici, le talus est très court et très rectiligne. À chaque bout du talus, le terrain commence à remonter. Autrement dit, mes balles de pailles sont assises dans une petite cuvette naturelle. Partout sur le pourtour de cet espace restreint, le terrain remonte naturellement en pente douce.
    

           3.        2.           1.
     ⇙                 
     
      1. Voici le talus le plus bas du jardin, avec ses fraisiers. C'est aussi le plus court et il est fait avec des balles de paille. Il ne mesure par plus que 12 pieds (3,6 m) de long.

     2. Le sentier de circulation (recouvert de sacs de papier brun) est flanqué de deux talus (1 et 3). C'est ma baissière.

 3. On aperçoit à peine le coin du deuxième talus. Cela n'est pas apparent sur cette photo, mais il est situé plus haut sur la pente que le premier talus.

L'endroit où je me tiens pour prendre cette photo est déjà plus élevé (d'environ 8 pouces - 20cm) que le premier talus.



 



Sur cette photo, le talus du devant forme une ligne droite et courte. Il accueille des fraisiers et quelques plants de tagètes (les fleurs orangées). La baissière (le sentier recouvert de carton) passe derrière le talus de fraises, puis forme une courbe vers l'avant, (qu'on voit à gauche) et vient rejoindre la surface de circulation noire, à chaque extrémité du talus. Cette baissière adopte presque la forme d'un C allongé en enveloppant son talus de balles de paille.  En avant-plan, la surface en noir est plus haute de 3 ou 4 pouces (7 à 10 cm)  que la baissière. Vous devrez me croire sur parole, car il est impossible de le détecter sur cette photo. Cette configuration plutôt bizarre suit pourtant la règle : la baissière doit rester bien plane d'un bout à l'autre, car si elle était en pente, elle formerait un mini ruisseau dont l'eau s'échapperait par l'extrémité la plus basse. Un deuxième talus, plus haut de 8 pouces (20cm) que le premier, suit une courbe à peu près parallèle à la baissière. On le voit sur la gauche, mais son extrémité est coupée par le cadrage de la photo. Sur la droite, la forme arquée vient se terminer derrière le premier talus (on voit les deux dernières balles de pailles exposées, car les jeunes plants qui s'y trouvent ne les ont pas encore recouvertes. 
       
     Mon problème, avec les balles de paille de la 2e baissière, était de construire un talus présentant une ligne courbe à partir de balles de pailles rectangulaires. C'est possible de le faire, quand on y réfléchit : il s'agit de placer les balles côte à côte, bien serrées l'une sur l'autre, mais en les décalant l'une par rapport à l'autre sur le sens de la longueur de la balle, comme sur le dernier des deux schémas ci-après. 

   Schémas d'une baissière de balles de pailles remplie d'eau après une pluie abondante

                                    XXXX «««««««««««                  Schéma 1 : coupe verticale d'une
          XXXX ««««« ((())         ))                               pente sur laquelle on a aménagé
     ((()      )))                                                            2 baissières et leur talus.

      Vous voyez sur ce premier schéma deux "talus" XXXX. Ce sont deux rangées de balles de paille. Elles servent de plates-bandes, de lits de culture surélevés.
      Elles protègent deux baissières (2 fossés), au fond desquelles ont voit un peu d'eau de pluie  «««««««  que le sol               et les balles de paille XXXX auront vite fait d'absorber.  

     

      Sur le schéma 2, vous verrez une vue aérienne des 2 talus et d'une seule baissière, celle qui se trouve entre les deux.
     
      Le talus de droite est déjà plein de plantes en pleine croissance (représentées par des carrés verts) .
      Entre les deux talus, la baissière est temporairement inondée (rectangles bleus).
      Normalement, elle peut servir de sentier, d'allée de circulation. Dans un jardin relativement plat et où il ne se forme pas d'accumulation d'eau problématique, l'eau de pluie sera vite absorbée par les talus, le sol ne restera pas longtemps détrempé et la baissière retrouvera très vite sa fonction première de sentier.

                                                                   Ce deuxième schéma 
                                                                                                  présente la vue aérienne de
                       ((())))lololol)))))(                         2 rangées de plantes (2 plates-bandes)
                    XXXXo     oooXXXX                     séparées par un sentier d'accès (en bleu).
                      XXXXooooooXXXX                    Chaque bloc XXXX est une balle de paille. 
                      XXXXooooooXXXX                    Chaque balle est une composante du talus.
  PLANTES--> XXXXoo  ooooXXXX                 Toutes les balles vont finir par recevoir des 
  PLANTES-->  XXXXoo  ooooXXXX                 plantes XXXX. Chaque balle est déposée le
  PLANTES--> XXXXoo  ooooXXXX                  long de la baissière, étroitement serrée  
                       XXXXoo  ooooXXXX                   contre ses voisines sans laisser d'espace
                       XXXXoo  ooooXXXX                 vide. On peut voir qu'il est possible de les
  BALLES -->  XXXXooo  oooXXXX                aligner côte à côte tout en les décalant, 
       DE     -->  XXXXo    ooooXTXX                 leur faisant suivre un tracé plus ou moins 
   PAILLE -->  XXXXoo o     oXAXX                 sinueux. Chaque rangée de paille forme une
                       XXXXoo     o oXLXX                 butte, une plate-bande, en fait, un talus qui 
                     XXXXoooBo  oXUXX                  épouse le contour (la ligne de niveau) du sol. 
                     XTXXoo  AoooXSXX                  Entre les deux talus, l'allée centrale n'est pas
                     XAXXoo   Ioo oXXXX                 forcément de la même largeur partout, mais
                     XLXXoo  Soo  oXXXX                elle est bien plane. Elle forme la 
                     XUXXoo So ooXXXX                  baissière. À chaque extrémité de la rangée, 
                   XS Xo    IooooXXXX                 on peut créer une légère surélévation du sol
                   XXXXo  ÈooooXXXX                   pour former un "barrage" de 10 à 20 cm
               XXXXoooR  ooXXXX                       de hauteur (un déversoir).
               XXXXoooE  ooXXXX                       Quand la pluie tombe ou qu'on arrose, 
            XXXX    Eauo oXXXX                         l'eau oooooo   est emprisonnée entre
           XXXXo  deo  oXXXX                            les deux talus, ce qui laisse le temps
           XXXX pluie oXXXX                          au sol environnant et au talus de
                 XXXX oquio  XXXX                        l'absorber et de la retenir, pour le plus 
            XXXX    serao oXXXX                         grand bénéfice des plantes qui sont 
                 XXXX absorbéeo oXXXX                   installées sur les talus (c'est-à-dire, qui 
                     XXXX    par  le o oXXXX                        poussent sur mes balles de paille).
                           XXXXosolooXXXX
    BARRAGE --> ((())))lololol)))))(
         déversoir fait d'une butte de terre plus  
         basse que les balles de paille. Si trop
         de pluie s'accumule, elle pourra passer 
         par-dessus ce petit barrage et s'écouler
         naturellement sans défoncer les talus
         (les balles de paille) dont la surface est 
         couverte de plantes. 

    Conclusion : 

      Moins un terrain est plat,  plus les baissières et talus qu'on y aménagera présenteront des lignes sinueuses. Ceci implique qu'en intégrant ces aménagements directement dans le potager et à moins que le terrain soit presque parfaitement au niveau sur toute sa surface, on devra sacrifier un aménagement rectiligne des surfaces de plantation. 

    Ceci amène alors certains inconvénients : par exemple, on pourra se retrouver avec une même baissière qui sera plus large là où la pente du terrain sera plus douce, et inversement, plus étroite en pente plus raide. Y déambuler en poussant une brouette devant soi sera assurément plus difficile que dans une belle allée droite de largeur uniforme.

     Un autre inconvénient : les espaces de plantation n'étant pas de dimensions uniformes et rectilignes, l'usage de certains équipements comme les couvertures flottantes ou tunnels de protection en sera compliqué. Je ne pense pas qu'on pourrait installer un tracteur à poulets sur les talus non plus. Il serait certainement plus pratique de fermer le périmètre au moyen d'une clôtureportative en filet électrifié.

     Mais placés au bon endroit pour rendre le bon service, les baissières et talus peuvent s'avérer de précieux aménagements pour un fonctionnement optimal du jardin. En effet, elles permettent de planifier l'irrigation du terrain selon les lois naturelles de la gravité. Pas étonnant que de tels aménagements soient conseillés en permaculture, car elles permettent d'utiliser les ressources gratuites de la nature et donc, d'éviter du travail, du temps, des coûts et l'utilisation superflue de ressources artificielles.



Ici, on voit la pente qui commence où finissait le potager avant la construction de la baissière. Les piquets plantés à gauche soutiennent une clôture électrique portable. Je les avais plantés à l'oeil pour qu'ils suivent à peu près la ligne de contour du terrain.
Le cadre en bois en forme de A que Serge nous a fabriqué est un niveau rudimentaire, mais assez précis pour définir exactement où se trouve cette fameuse ligne de contour. 

Savez-vous quoi ? Je m'étais trompée de peu, si bien qu'après quelques ajustements mineurs, c'est cette clôture qui m'a servi de guide pour creuser !