lundi 13 janvier 2014

Des plates-bandes comestibles et riches en diversité, partie 2

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Face au trottoir et à côté de notre entrée de cour, du thym s'étend lentement sur un gravat de ciment, produit récupéré de récents travaux de rénovation. Chez moi, le thym a besoin de ce fond graveleux pour bien pousser et s'étendre. Ce tapis fleuri est parsemé de petites pensées "Johnny-Jump-Up", dont les fleurs sont comestibles. Un demi-baril est un bon moyen de réserver une place aux plantes annuelles, qu'elles soient ornementales ou potagères. On peut aussi décorer avec une chatte. Celle-ci se nomme Souris. 
Comment mon idée d'un potager a graduellement évolué vers "autre chose":

Il y a presque trente ans, j'ai commencé à cultiver, de façon tout à fait classique, un potager rectangulaire tout au fond de mon arrière-cour, là où se trouvait le soleil. Quelques années plus tard, par manque de disponibilité au printemps, j'ai dû l'abandonner. Mais les vivaces ornementales étant moins exigeantes quant au calendrier de plantations, j'ai pu quand même assouvir ma passion du jardinage avec elles.  Enfin, il y a environ 3 ans, j'ai renoué avec l'idée de cultiver des plantes comestibles. 

Bien sûr, l'image du potager traditionnel m'est immédiatement revenue en tête. Mais je savais que sur mon terrain, ce n'était plus possible. Une vingtaine d'années s'étaient écoulées pendant lesquelles les arbres présents dans mon arrière-cour et dans celle de mes voisins avaient beaucoup grandi. L'espace autrefois réservé à mon potager n'offrait plus les six heures requises au minimum pour faire pousser la majorité des légumes annuels que nous affectionnons tous: tomates, concombres, haricots, radis, carottes, etc. Si je voulais ce genre de récoltes, je devais me tourner vers le soleil, c'est-à-dire envisager d'utiliser le jardin ornemental en façade de la maison, donc donnant sur la rue.

C'est alors qu'une suite d'heureux hasards m'ont fait découvrir les principes de la permaculture, et à travers elle, diverses techniques, dont la polyculture.

Dans ce massif d'hémérocalles, seule la variété
"Red Bud" est en fleurs en cette fin juin. Les
autres prendront la relève, une par une, jusqu'à
l'automne. Les tiges érigées du stachys laineux 

ou oreille de lapin (Stachys Bizantina),
au feuillage argenté et aux fleurs lavande,
offrent un joli contraste.
Je me suis alors retrouvée devant le même dilemme que cette lectrice anonyme dont je parlais au début de la première partie de cet article: serais-je obligée d'arracher la majeure partie de mes plantes ornementales vivaces pour laisser une place aux légumes annuels? Moi qui avais tant travaillé dans ce jardin ! Je n'étais pas prête à sacrifier le fruit d'autant d'efforts pour des tomates, aussi savoureuses puissent-elles être.

Presque trente ans de jardinage m'ont fait comprendre que, pour sortir des sentiers battus, rien ne remplace l'expérience personnelle. Je sais aussi que le jardinage est plus affaire de principes généraux que de règles rigides à suivre, puisque chaque jardin, comme chaque jardinier, est unique.  Je me sentais donc prête pour relever ce nouveau défi.


Intégrer un jardin comestible dans un jardin ornemental déjà établi:


Mon aménagement n'est pas finalisé. Il ne le sera probablement jamais, de toute façon, car les jardins évoluent et se transforment au fil des ans. Laissez-moi quand même vous raconter ce que j'ai fait jusqu'à maintenant. 

Le jardin ornemental existant étant littéralement débordant de plantes, il me fallait en sacrifier certaines, ou du moins, réorganiser l'espace, si je voulais trouver de la place pour les plantes comestibles. Après tout, il était clair que de coincer un plant de tomates entre deux gros hostas risquait de compromettre la récolte de ces délicieuses sphères rouges! 

J'ai commencé par un changement qui s'imposait de lui-même: 

Plutôt que d'arracher la souche du cèdre blanc,
(Thuja Occidentalis), j'ai décidé de l'enterrer
complètement. J'ai étendu des papiers journaux
par terre pour étouffer les mauvaises herbes, puis
 j'ai vidé en vrac du vieux terreau à rempoter,
  de la bonne terre à jardin, 
du fumier et du
 compost.
D'après moi, cette souche mettra des
 années à pourrir; elle absorbera donc de l'azote,
 mais très lentement. Chose certaine, un jour ou
l'autre, elle commencera à nourrir le sol et à
absorber l'eau comme une éponge, diminuant
d'autant ma tâche d'arrosage.
C'est au printemps 2011 que je me suis relancée dans la culture de plantes potagères. Ce projet coïncidait justement avec l'abattage d'un énorme cèdre blanc (Thuya) qui obstruait entièrement le côté Est de notre balcon de pierres et menaçait d'en abîmer la toiture. D'ailleurs, tout le côté Est de la maison était inutilisable pour jardiner, l'arbre asséchant rapidement la terre et donnant beaucoup trop d'ombre. 

Il nous a fallu un permis et la municipalité a exigé que nous le remplacions par un autre arbre. Pas de problème : je voulais des fruitiers, de tout façon. Mon choix s'est porté sur un amélanchier (Amelanchier Canadensis), qui atteindra des dimensions plus modestes, qui nous donne des fruits délicieux au début juillet et peut supporter un peu moins que le plein soleil. 

Je l'ai planté à environ 10 pieds (3 m) au nord du thuya et je l'ai entouré d'une couronne de bulbes de narcisses, réputés pour repousser les petits rongeurs et faire compétition aux mauvaises herbes au printemps. J'ai complété avec de l'orpin rampant comme couvre-sol et des astilbes un peu plus loin. J'ai planté de l'herbe à chat (Nepeta) tout près. Nous en parlons en détail dans l'article chats jardiniers, petits fruits en sûreté. Je compte aussi ajouter un plant de consoude, qui aidera mon amélanchier en enrichissant la terre, tout en combattant lui aussi les mauvaises herbes, et aussi quelques talles de ciboulette. Dans ce coin, j'ai aussi essayé d'établir des plants de fraisiers remontants, avec plus ou moins de succès jusqu'à maintenant. Leur établissement sera probablement lent, mais je crois bien que je vais y parvenir. Coup de tête, j'ai pris le risque d'essayer trois plants de canneberges. Le printemps dernier, ils ont finalement succombé, malgré une bonne acidité du sol, un paillis très épais et beaucoup d'eau provenant de l'écoulement du toit. Ce n'était pas suffisant, apparemment. Je les ai remplacés par un hosta odorant.

Photo prise en juillet 2011. Le côté Est de la maison a pris une toute autre apparence. L'amélanchier a beau être encore jeune, il produit déjà. Maintenant, après trois saisons de jardinage à cet endroit, je peux affirmer que les récoltes ont été abondantes (tomates la 1e année - on les voit sur la photo - haricots la 2e, retour aux tomates la 3e). Près du balcon de bois, un  cornouiller panaché. Pour permettre l'entretien régulier de la maison, dont les murs en bois doivent être repeints régulièrement, j'ai dû prévoir un sentier d'accès et laisser un carré dégagé pour déposer l'échelle (ces endroits sont recouverts de paillis noir). En parlant de peinture, quand on veut produire de la nourriture, il faut réfléchir aux risques de contamination du sol sur nos terrains. J'en parlerai plus en détails à la fin de cette série d'articles.

Je me suis aussi attaquée aux plates-bandes de vivaces:

J'ai fait de la place en relocalisant certaines de mes vivaces, créant ainsi des "îlots" (des espaces dégagés créant des mini-plates-bandes à l'intérieur des grandes). Je me suis ainsi ménagé quelques surfaces assez grandes pour laisser croire à mes légumes qu'ils sont dans un potager, car ils sont tout juste assez éloignés de mes vigoureuses vivaces pour que la compétition ne soit pas un gros problème. 

À l'ouest des fenêtres qu'on
voit sur la photo ci-contre, j'ai
perdu deux clématites d'affilée

par le passé. J'ai donc changé de
stratégie : en 2011, ce sont
2 plants de haricots grimpants
"Trionfo Violet" qui ont pris
d'assaut le mur de la maison.
Par exemple, sous la grande fenêtre du salon (photo juste en bas), je peux facilement installer 4 à 6 plants de tomates et les laisser déborder sur le sentier de dalles de ciment qui passe à leur pied, alors qu'ils sont abrités des regards publics par deux autres plates-bandes qui se dressent entre elles et la rue. Entre eux, quelques pots de fleurs annuelles sont déposés là, en attendant que les plants de tomates remplissent l'espace.

Au pied des fenêtres du salon,des 
légumes en pots et d'autres en pleine terre profitent du soleil et de la  chaleur, tout en restant discrets. À droite des fenêtres, une première talle de cerises de terre. En avant-plan, entre un bac de plants de shiso à droite, un demi-baril d'annuelles au nord et un massif de diverses variétés d'hémérocalles à l'ouest, se trouvent l'autre moitié de mes plants de cerises de terre. Ils forment un massif très esthétique, d'ailleurs.
Fraise-épinard (Chenopodium
Capitatum), un petit
légume qui prend peu
d'espace, mais qui peut se
laisser étouffer facilement
par les plantes voisines.
Ces aubergines ont été plantées en sac.

À travers les plates-bandes, j'ai placé quelques plantes en sacs ou en pots. J'avais déjà 3 demi-barils de bois, dispersés au milieu des plates-bandes. Comme les plantes que j'y installe sont surélevées, ceci leur donne plus de soleil et les protège de l'envahissement par les vivaces. Une prochaine étape sera d'installer dans mes demi-barils des légumes plutôt que des fleurs annuelles, mais je devrai les munir d'une réserve d'eau dans le fond, si je veux qu'ils produisent abondamment sans que j'aie à les arroser deux fois par jour. 

À environ 10 pieds (3 m) du trottoir, juste au bord
de l'étroite bande de pelouse qui me reste, un îlot
de 6 pieds carrés (45 cm X 100cm) accueille 
poivrons, échalotes, aubergines et fraises-épinards.
Plusieurs plants d'hémérocalles et des géraniums
sanguins (non visibles sur la photo) les encadrent
de chaque côté. Derrière, une rangée d'orpins
les ceinture. Sur la photo suivante, vous pouvez
voir de quoi cet espace avait l'air en tout début
 de saison.
Mon jardin est tout à fait dans l'esprit de l'époque victorienne en Angleterre. On appelait cela un "Cottage Garden": un méli-mélo planté serré d'une grande variété de plantes, surtout des vivaces ornementales. J'ai simplement ajouté des plantes potagères et elles ne sont pas toutes cachées à la vue des passants, comme le démontre la photo ci-contre. 

Voici la liste de ce qui était déjà sur place:
plus de 40 espèces différentes de vivaces (sans compter les variétés d'une même espèce), une demi-douzaine d'espèces d'arbres nains et d'arbustes, et une dizaine d'espèces de bulbes printaniers (encore ici sans compter les variétés d'une même espèce). 

À travers tout cela, j'ai semé ou planté, avec plus ou moins de succès selon les espèces et les saisons, plusieurs plantes potagères : tomates, concombres, melons, piments et poivrons, haricots et pois, aubergines, laitues diverses et choux, carottes, radis et betteraves, quinoa, fraises-épinards, épinards de Malabar, patates et cerises de terre. Et je pratique aussi une rotation de ces cultures, pour ne pas planter la même famille de légumes au même endroit, année après année, ce qui finirait par appauvrir le sol et possiblement attirer des insectes ou maladies propres à chaque espèce. 
Voici de quoi avait l'air ce petit îlot
potager au moment de la plantation,
au printemps 2011. J'ai ensuite étendu

une bonne couche de paillis entre les
jeunes plants. 

Quelques groseilles encore vertes.
Bien sûr, je ne me contente pas du jardin de façade, car il y a encore quelques endroits assez ensoleillés, dans mon arrière-cour, pour y placer d'autres plantes comestibles. À cet égard, les petits fruits sont capables de se contenter d'un peu moins de 6 heures de soleil. C'est le cas de mes bleuets, groseilles, cassis, camérises, amélanches, framboises noires, fraises et rhubarbes. Mais les légumes ne sont pas entièrement exclus non plus.


À l'emplacement de mon ancien potager, quelques plants de patates ont trouvé refuge sous un épais paillis de feuilles mortes. Tout autour de cet îlot, fraisiers, hémérocalles, iris et rhubarbes se partagent les cinq heures de soleil qui les atteignent. Une rangée de groseillers (non visibles sur la photo) protège le tout des vents du Nord-Ouest. 
Patates en sacs, tomates, laitues, fines herbes,
fleurs, choux, haricots, pois. L'endroit ressemble
à une mini-jungle. Quelques seaux de plastique,
dissimulés derrière mes pots, contiennent une
partie de ma réserve d'eau de pluie.
Un autre espace m'attendait les bras grand ouverts!

L'étape suivante était toute naturelle: la disparition du thuya ayant dégagé la grande galerie couverte en façade de notre maison. Cet espace est devenu deux fois plus ensoleillé, en surface comme en heures d'ensoleillement. Tout à coup, je pouvais y aménager un bout de potager en très peu d'efforts et de temps : il me suffisait de cultiver mes légumes en pots! 
 
Ce défi était beaucoup plus facilement réalisable que la transformation des plates-bandes de mon jardin ornemental, mais il devait tout de même être bien planifié. J'ai donc fait la liste des avantages et désavantages de mon nouvel espace de jardinage:

- L'approvisionnement en eau de pluie peut se faire sur place, mais la pluie ne peut se rendre d'elle-même à la majorité des plantes, à cause du toit. Je dois donc arroser certains pots ou jardinières même durant les jours pluvieux.
Mes plants de haricots "Blue Lake", début août.
Le filet est pratiquement invisible de la rue. Je
ne me donne même pas le trouble de l'enlever en
hiver. Une douzaine de ces plants me donnent
de belles "fèves vertes" à manger fraîches et en
abondance, du début d'août jusqu'aux gels. 
Mais
ce n'est pas suffisant pour me faire des réserves
congelées pour l'hiver.

- Ce même toit me permet de tendre des filets ou des cordes ou encore de suspendre des pots pour faire pousser certaines plantes à la verticale. En milieu de saison, celles-ci font un écran de verdure qui nous donne plus d'intimité et protège les laitues des rayons de soleil les plus forts.

- L'orientation plein sud maximise l'ensoleillement par l'est et le sud, mais en fin d'après-midi, vers 16 heures, l'ombre s'installe. 

- La chaleur est parfois intense, ce qui demande un apport d'eau très régulier, car l'assèchement des pots qui sont exposés au plein soleil peut devenir un problème important : par temps de canicule, il faut parfois arroser deux fois par jour, sous peine de perdre une plante installée dans un pot ordinaire. Il m'a donc fallu trouver une solution pour diminuer la fréquence des arrosages.

Le plus gros de ma réserve d'eau est contenu dans ce magnifique baril de grès que j'ai trouvé dans une vente de garage. Je crois qu'il servait à faire du vin ou des marinades, à l'époque. Appuyé dessus, un couvercle en bois peint bleu-gris a été fabriqué par l'ancien propriétaire. Une fois le couvercle en place, j'installe quelques pots de pélargoniums et personne ne se doute de rien. À droite sur la photo, mon bac à fines herbes.
- Les pierres et le ciment des murs de la maison et du balcon absorbent une bonne partie de la chaleur solaire, tout comme l'eau en réserve, d'ailleurs. De plus, l'endroit est protégé des vents dominants. Ces deux facteurs combinés ont pour effet de protéger les plantes des froids printaniers, des baisses de température nocturnes du mois d'août et des premiers gels de l'automne. C'est donc une véritable trappe à chaleur. Je gagne ainsi plusieurs semaines de jardinage en début et fin de saison. Il m'est arrivé de récolter mes dernières tomates fin octobre et cette année, ma roquette (Eruca Sativa) est restée bien vivante jusqu'à la mi-décembre. Il est vrai que cette verdure est reconnue pour résister à des températures très froides, mais quand même, quelle joie !

- Quand je m'occupe de ce bout de jardin, je suis protégée des intempéries; merveilleux quand la journée est fraîche, venteuse et pluvieuse. De plus, je bénéficie d'un bon éclairage artificiel. Ceci me permet de m'occuper de mes plantes après les heures de travail, même après le coucher du soleil, ce qui est pratique au début du printemps et à l'automne. Au milieu de l'été, l'avantage de jardiner en soirée, c'est que la chaleur intense de la journée n'est plus au rendez-vous.  

- Ce balcon est idéal pour y cultiver des fines herbes et des tomates-cerises, entre autres, car leur proximité me permet de les récolter à la toute dernière minute, pendant la préparation des repas.

J'ai improvisé un bac pour mes fines herbes (la  structure blanche sur pattes) à partir d'un pupitre d'écolier laissé sur le bord de la rue et dont le dessus était manquant. J'en ai tapissé le fond, les rebords et même l'extérieur au moyen d'un grand sac de plastique étanche (que j'ai doublé) et j'ai disposé plusieurs galets au fond du sac. Les pots reposent simplement sur les galets. Rapidement, des racines ont poussé et se sont échappées par les trous d'écoulement qui se trouvent sous chaque pot. Quand j'arrose, je veille aussi à faire une réserve d'eau dans le fond du bac. Plus tard, à mesure que le terreau s'asséchera, les racines pourront pomper l'eau du bac, ce qui réhydratera le contenu des pots et permettra aux plants de tenir le coup jusqu'au prochain arrosage.

- Dès le début, j'ai installé mes plantes quasi exclusivement dans des pots, bacs ou jardinières à double fond, certains que j'ai achetés, d'autres que j'ai fabriqués moi-même. Le contenant intérieur (le contenant du dessus) doit être perforé par-dessous et ne doit pas toucher directement au fond du contenant extérieur (celui du dessous, qui agira comme réservoir d'eau). On peut y parvenir en plaçant quelques galets, de petits pots de yogourt renversés, ou même quelques briques au fond du contenant du dessous pour surélever le contenant du dessus. Ces objets feront office de "pattes" pour surélever le contenant du dessus. L'idée est de créer une réserve d'eau pour les plantes, sous leur pot ou leur jardinière, mais en évitant que leur terreau soit constamment détrempé, ce qui finirait par faire mourir les racines.  Le contenant du dessous doit donc être perforé sur le côté, à la même hauteur que le fond du contenant intérieur, pour laisser s'échapper tout surplus d'eau. On peut placer une bande étroite de tissu au fond du contenant du dessus et en laisser pendre les extrémités par les trous du fond. En trempant dans l'eau de la réserve au-dessous, le tissu aspirera le liquide vers le haut, par capillarité. Éventuellement, les plantes  atteindront d'elles-mêmes la réserve d'eau au moyen de quelques très longues racines. 

Grâce à ce type de contenant, je peux m'absenter au moins 2 jours durant la pire canicule, sans crainte que mes plantes souffrent de soif. 

La disparition du thuya a ramené beaucoup de soleil sur le balcon. Des laitues romaines poussent dans deux des jardinières rectangulaires, du côté intérieur du balcon. Notez qu'elles ont un double fond, elles aussi. Pour chacune de ces deux jardinières : trois récoltes. En effet, j'ai semé les laitues en mélange avec des betteraves, et au sud de celles-ci, j'ai planté un peu plus tard des haricots grimpants, en une seule rangée parallèle. Ils prennent peu de place au sol, mais un filet de plastique noir est déjà tendu, prêt à se laisser escalader. Ils feront bientôt de l'ombre aux laitues, retardant quelque peu leur floraison et prolongeant d'autant la récolte.  Entre les  laitues, les betteraves ont déjà commencé à pousser. La récolte des laitues cessera bien avant que les betteraves aient pris un volume important. Ces trois légumes s'entendent à merveille. Sur une marche de l'escalier, un seau a recueilli l'eau qui vient de s'écouler du toit (notre maison n'est pas munie de gouttières). Le seau s'est rempli en 10 minutes sous une bonne pluie d'orage. Il ne me reste plus qu'à le cacher hors de vue.
Voici l'apparence du balcon, vu de la rue à la fin juillet. Le thuya était auparavant au coin, à droite. La plupart des passants ne remarquent même pas que cet espace abrite surtout des légumes.

Favoriser des récoltes successives, moins importantes, mais diversifiées et continues:

Toutes sortes de trucs sont possibles pour maximiser l'espace relativement restreint des pots et jardinières. Par exemple, dès le début de la croissance des laitues,  je commence par prélever une partie des jeunes pousses plantées trop serrés et qui se nuisent les unes les autres; à ce stade elles sont bébés et nous les mangeons donc en entier. Vient un temps où je n'ai plus besoin d'éclaircir leurs rangs. À partir de ce moment, je change de méthode de récolte. Je commence à prélever seulement quelques feuilles par plant, toujours les feuilles extérieures. Les plants continuent de pousser, formant de nouvelles feuilles par l'intérieur et gagnant en hauteur. 

De cette façon, j'étale ma récolte dans le temps, car je ne tue pas les plants, et en plus, les feuilles sont toujours très fraîches et j'évite de me retrouver avec plus de laitue que je peux en manger en quelques jours. Ils peuvent produire des feuilles toute la saison d'ailleurs, mais avec l'arrivée des chaleurs estivales, les laitues amorcent une autre étape de leur cycle naturel de croissance et les feuilles deviennent de plus en plus amères. Quand cette amertume commence à me déranger les papilles, j'enlève la côte (la partie renflée du milieu) à l'aide d'un couteau et je ne la consomme pas. Je garde seulement la surface plate des feuilles ou, si vous préférez, les "ailes". De cette façon, je réussis généralement à récolter jusqu'à la mi-juillet  au moins, même si le micro-climat sur ma galerie est chaud.

Quelques-unes des fleurs de laitue romaine que
j'ai laissé sécher sur les plants avant de les
récolter. Au coeur de chaque fleur se cachent 

jusqu'à une dizaine de graines. Il faut les libérer
de leur "parachute" duveteux et du calice de
leur fleur, ce qui demande du temps, mais n'est
pas difficile à faire.
Finalement, les feuilles se mettent à sécréter un latex blanc à l'endroit où on les a coupées, même sur les "ailes". Elles ne se laissent plus manger. À ce stade, je ne conserve que deux ou trois plants, leur permettant de compléter leur cycle de vie. Ils fleuriront et chaque fleur qui aura été pollinisée se fanera et produira des graines que je récolterai pour mes semis de l'année suivante. J'aurai ainsi obtenu bien plus de graines qu'il m'en faut, ce qui me donnera l'occasion de faire la généreuse avec mes amis, mes voisins et ma parenté. Il est possible de récolter facilement les graines de plusieurs types de légumes d'ailleurs, comme les pois, les haricots, les radis, et les betteraves.  Il suffit de laisser quelques plants monter en graines. Dans le cas des plantes donnant des fruits, comme les tomates, les concombres, les piments et les courges, il vous faudra extraire les graines qui se cachent à l'intérieur des fruits, bien sûr.

Gardez simplement en tête que les graines provenant de plantes hybridées et qui sont quand même fertiles ne donneront pas nécessairement des jeunes plants identiques à leurs parents. Mais cela ne veut pas nécessairement dire non plus que ces jeunes hybrides donneront des légumes de mauvaise qualité. 

Néanmoins, il y a ici une part de risque et d'aventure. Et parfois, des découvertes intéressantes...


Ma récolte de graines de laitue romaine 2013,
à partir des fleurs de deux plants.

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